Le 6 mars 2021
Un homme très heureux en prison est libéré au bout de vingt ans, pour bonne conduite. Ce film est la seule comédie signée Roberto Rossellini. On y on retrouve néanmoins sa vision réaliste de la société italienne d’après-guerre.
- Réalisateur : Roberto Rossellini
- Acteurs : Totò, Leopoldo Trieste, Vera Molnar , Nyta Dover , Franca Faldini
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h50min
- Reprise: 10 mars 2021
- Titre original : Dov' é la libertà ?
- Date de sortie : 25 février 1954
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Résumé : A Naples, Salvatore Lojacono (Totó) passe en jugement pour un curieux motif : il a réintégré illégalement la prison du château Sant’ Elmo dont il venait d’être libéré. Emprisonné depuis plus de vingt ans, il y était heureux, poursuivant ses activités de barbier et chantant avec ses codétenus. Mais lorsqu’on lui annonce sa libération anticipée pour bonne conduite et qu’il se retrouve dehors, c’est en prison qu’il souhaite retourner !
Critique Où est la liberté ? est l’un des rares films "sérieux" de l’acteur italien très populaire Totó, qui fut l’équivalent pour les Français d’un Fernandel ou d’un Louis de Funès. C’est aussi pour Roberto Rossellini le seul long métrage qui peut être considéré comme une comédie. Il le tourne la même année que deux autres réalisations dans lesquelles il met en scène son épouse de l’époque, Ingrid Bergman : Europe 51 (Europa ’51) puis Voyage en Italie (Viaggio in Italia).
Mais tout en étant traité sur le ton de la comédie, le récit, construit sur des analepses, s’attache à la triste vie d’un ex-détenu dans l’Italie d’après-guerre, où la misère domine. Le pauvre Salvatore doit très vite justifier d’un logement et se présenter quotidiennement au poste de police. Il revient sur les lieux où se trouvait son échoppe de barbier et n’y reconnaît rien. Une grande fille (Nyta Dover) va l’entraîner dans un marathon de danse où il rencontre un groupe solidaire parmi lequel il pense trouver sa place. Il va cependant y laisser ses maigres économies en aidant les danseurs spoliés par un impresario véreux. Il en ira de même de ses rencontres suivantes : son physique maigrelet et ses airs de Pierrot lunaire vont constamment lui jouer des tours.
Au gré des différents événements vécus après sa libération, on sera témoin de l’existence difficile des gens du peuple de cette époque, à travers le marathon de danse épuisant, pour espérer gagner quelques sous (le thème sera développé aux États-Unis par Sydney Pollack, en 1969, avec On achève bien les chevaux. On mentionnera aussi le comportement inhumain des marchands de sommeil et celui d’une famille qui, sans scrupules, a spolié de tous ses biens des juifs qui furent déportés...
Le physique si particulier de Totò, à la Buster Keaton, convient totalement à ce personnage gentil et naïf, balloté par la vie, préférant l’univers protégé de la prison à la dure réalité de la vraie vie.
Le documentaire "Où est la liberté ?", une comédie néoréaliste (16 mn) permet une meilleure analyse du film. Aurore Renaut, maîtresse de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles à l’université de Lorraine, revient sur la genèse du long métrage. Selon elle, Roberto Rossellini, chantre du néoréalisme, surprit tout le monde en se lançant dans une comédie, une farce pour certains, mettant en scène Totò, le plus grand acteur comique du moment.
Mais que l’on ne s’y trompe pas : la comédie est grinçante et le côté farce est principalement présent dans les scènes de tribunal. On apprend ici que les séquences dans ce lieu ont en fait été tournées par Mario Monicelli (*), à l’époque réalisateur de deuxième équipe. Il semble que Rossellini se soit désintéressé de ce film dès lors qu’il put commencer à travailler sur son œuvre suivante, Voyage en Italie.
Cette particularité nuit à l’ensemble, car la différence de ton est réellement gênante, d’autant que Totò, probablement plus libre avec Monicelli, cabotine à souhait au tribunal, très à l’aise, coupant son avocat, dialoguant directement avec le juge sans y être invité.
Si le principe du retour volontaire en prison est improbable, toutes les scènes où Salvatore est confronté à la vraie vie, sont empreintes d’un réalisme puissant et d’autant plus terrible qu’il est traité de façon inhabituelle sur le ton de la comédie.
Un film à (re)découvrir à l’occasion de cette réédition.
* Mario Monicelli, sera par la suite un cinéaste à succès de l’âge d’or de la comédie italienne avec notamment Le pigeon (I soliti ignoti 1958) où il retrouve Totò.
Test DVD Blu-ray
L’image : :
Globalement correcte, mais parfois au sein d’une même scène, l’image normalement d’un beau noir et blanc vire au jaune, sans raison compréhensible.
Le son : : RAS.
Tout à fait bien restitué.
Les compléments :
Livret : Totò, le Picasso du rire de Jean Gili (20 pages)
Galerie photos
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