Politique de la terre brûlée
Le 30 janvier 2008
Un mélodrame porté sur l’Oscar qui marque les premiers pas américains de la cinéaste danoise Susanne Bier. A voir pour Benicio, figure magistrale d’un récit mineur.
- Réalisateur : Susanne Bier
- Acteurs : Halle Berry, Benicio Del Toro, David Duchovny
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 30 janvier 2008
- Plus d'informations : Site officiel du film :
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– Durée : 1h58mn
– Titre original : Things we lost in the fire
Un mélodrame porté sur l’Oscar qui marque les premiers pas américains de la cinéaste danoise Susanne Bier. A voir pour Benicio, figure magistrale d’un récit mineur.
L’argument : Ayant perdu soudainement son mari, une femme invite l’ancien meilleur ami de celui-ci à s’installer chez elle. A son contact, elle reprendra petit à petit goût à la vie.
Notre avis : Pour sa première œuvre américaine, la cinéaste danoise Susanne Bier (Open hearts et surtout After the wedding) a réussi à s’entourer d’un casting issu de la fine fleur hollywoodienne, à savoir le trio de comédiens Benicio Del Toro, Halle Berry, et David Duchovny. Une distribution qui brille sur le papier, mais aussi à l’écran, notamment grâce à l’alchimie du couple David Duchovny-Halle Berry, tous deux particulièrement convaincants. Mais c’est surtout l’impressionnante prestation de Benicio Del Toro, plus dense que jamais, qui frappe l’esprit. A travers son personnage de paumé héroïnomane, qui est recueilli chez la veuve de son meilleur ami (Halle Berry, bien évidemment), il fait preuve d’un sens aigu du drame dans toute l’étendue de sa variété.
De ce pitch naît une histoire d’amitié, basée sur l’entraide affective, aux enjeux dramatiques un peu désuets et convenus, qui s’établit sur des lieux communs maladroitement exposés dans la précipitation. La première demi-heure passée, la clarté psychologique et les limites du script provoquent un ennui que le drame ne parvient jamais à dissiper. Bier brasse les thèmes du deuil et de l’addiction machinalement, paraissant plus intéressée par la direction d’acteurs que par son récit qu’elle se contente de suivre dans les larmes du mélodrame. Trop poussif, son film échoue pourtant à émouvoir. Et ce malgré toutes les qualités d’incarnation de ses acteurs et sa réalisation appliquée qui emprunte beaucoup à la filmographie d’Iñàrritu.
On pense inlassablement à ce dernier à la vue de Benicio Del Toro, aussi imposant que dans 21 grammes, tandis que la guitare flamenco nous renvoie à celle de Babel, mais finalement c’est surtout l’étonnante force narrative qui semble rendre hommage au cinéaste mexicain. Au meilleur de sa petite forme, Bier se dote alors de l’art de passer du désuet à l’essentiel en faisant fi des transitions et en détournant la réalité chronologique. Mais tout cela reste trop superficiel pour permettre à Nos souvenirs brûlés de sonder à juste titre l’insupportable douleur de la détresse humaine. Alors, passé le décalage horaire, la réalisatrice exilée se montre donc encore habile à la mise en scène, et si son premier essai hollywoodien, par la lourdeur de ses thèmes, n’est finalement pas le séducteur oscarisable que nous pouvions en attendre, la copie qu’elle nous livre mérite tout de même que l’on y jette un petit œil.
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