Promenons nous dans les bois ...
Le 12 novembre 2014
Troisième collaboration du duo Bradley Cooper / Jennifer Lawrence, Serena s’offre à nous comme un méli-"mélo" confus et laborieux.
- Réalisateur : Susanne Bier
- Acteurs : Bradley Cooper , Jennifer Lawrence
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 13 novembre 2021 22:25
- Chaîne : Ciné+ Emotion
- Date de sortie : 12 novembre 2014
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Résumé : {{L’argument :}} À la fin des années 20, George et Serena Pemberton, jeunes mariés, s’installent dans les montagnes de Caroline du Nord, où ils sont décidés à faire fortune dans l’industrie du bois. Dans cette nature sauvage, Serena se montre rapidement l’égale de n’importe quel homme et règne d’une main de fer avec son mari sur leur empire. Lorsque Serena découvre le secret de George alors qu’elle est elle-même frappée par le sort, leur couple passionné et impétueux se fissure. Leur destin les entraîne vers la plus terrible des tragédies…
Critique : C’est la troisième collaboration entre Jennifer Lawrence, la star d’Hunger Games, et Bradley Cooper, réunis une nouvelle fois pour le meilleur et pour le pire, devant la caméra de la danoise Susanne Bier. Est-ce le dépaysement américain qui confine une réalisatrice talentueuse à une réalisation figée et insipide en dépit de qualités esthétiques indéniables ? On a la triste impression que la réalisatrice, sous couvert d’une sobriété exemplaire, s’est en réalité inconsciemment conformée à l’image qu’elle semblait se faire du mélo américain tout en cherchant justement à s’en écarter. On retrouve cette tension pendant la quasi totalité du film, Susanne Bier ne parvenant jamais à trouver le juste équilibre entre la passion dévorante censée consumer les personnages -qui paraît vraiment fadasse et se satisfait de rares moments d’éclats- et l’aspect « thriller » venant faire désordre dans ce beau petit monde fantasmé, ce Brésil inaccessible et ses hectares de forêts dont les personnages ne cessent de parler comme un possible retour au jardin d’Éden, seul chemin possible vers le bonheur conjugal. On est d’autant plus déçus que les personnages auraient pu devenir réellement fascinants si leur relation d’interdépendance, jusqu’à la folie extrême, avait été exploitée au maximum de ses possibilités. A la place, la réalisatrice laisse la fatalité s’installer en adoptant un point de vue beaucoup trop extérieur et en se concentrant sur un motif de la boucle, de la répétition et donc de l’enfermement, qui, sollicité en permanence, a tôt fait d’annihiler toute émotion du fait de son aspect mécanique. Du coup, les personnages apparaissent uniquement comme des jouets du destin voués à une fin tragique car obsédés par un idéal du bonheur à tout prix, quitte à supprimer tous les obstacles en cours de route. Mais Susanne Bier est loin d’avoir la maîtrise des frères Coen et son film souffre d’une sorte de moiteur ensuquée et de grosses lourdeurs (le recours constant aux gros plans, bien que très réussis, ne fait que réduire un peu plus la charge affective). La musique guimauve et les dialogues souvent tartes n’arrangent rien au schmilblick et, croyez le ou non : la VF n’aide pas !
Le personnage du pisteur solitaire passablement névrotique incarné par l’acteur et chanteur britannique Rhys Ifans, seul être véritablement intriguant du film, annonce la transition vers une seconde partie un peu plus excitante où la réalisatrice tente de dealer avec ses sujets de prédilection : la vengeance et la culpabilité. Mais là encore, l’obsession fataliste prend le dessus et ne nous permet pas de créer une quelconque empathie avec les personnages principaux. C’est parce que Serena a un passé chargé dont on ne nous livre d’ailleurs que le strict minimum afin de ménager un semblant de suspense que les choses tournent mal. Elle a un besoin d’amour si fort qu’il ne peut souffrir aucune concession et ravage tout, comme l’incendie qui a failli la brûler et a détruit toute sa famille. Alors lorsqu’un enfant illégitime devient trop envahissant, les choses se gâtent. Le problème majeur de Serena, outre son incapacité à se départir de ses modèles canoniques – le film évoque fortement Géant de Kazan et lorgne sans succès du côté de There will be blood-, réside dans un schématisme perpétuel, dans une répétition volontaire avec oppositions de figures archétypales. l’exemple le plus évident tient dans l’opposition entre les bons gars qui veulent sauver la forêt en la transformant en parc national et les partisans d’un ordre libéral censé garantir la liberté du travailleur, qui cherchent surtout à survivre après le crac de 1929. Comme dans tous les films utilisant ce procédé, Serena affiche une surcharge manichéenne et prend bien garde de nous montrer clairement qui doit être puni, qui doit être sauvé, et pourquoi. Tout cela est un peu trop scolaire et ne prend pas assez en compte la part d’individualité de l’homme et, en l’occurrence, de la femme. Soulignons néanmoins une belle qualité dans la réalisation, qui, si elle manque d’idées fortes et de mouvement, nous fait entrevoir une certaine immortalité de la nature, espace vierge qui ne souffre pas la part de l’homme. Au final, Serena, se place dans la lignée des héritiers des grands drames américains populaires sans pour autant tenir la comparaison avec un Retour à Cold Mountain. On regrette un classicisme qui ne s’assume jamais jusqu’au bout, l’utilisation de références manifestement mal digérées et un montage elliptique qui ne laisse pas le temps de goûter à l’ambiance des lieux. Reste à songer, rêveurs, à ce qu’aurait donné le film entre les mains expertes du mystique Darren Aronofsky, premier appelé pour adapter le projet.
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