Le 12 janvier 2016
Oscillant entre le thriller et le drame personnel, A second chance pousse la tension dramatique à son paroxysme, faisant croître les degrés de la souffrance psychologique à mesure que l’intrigue s’assombrit. Dommage que l’on ait parfois du mal à y croire.
- Réalisateur : Susanne Bier
- Acteurs : Maria Bonnevie, Ulrich Thomsen, Nikolaj Coster-Waldau
- Genre : Drame, Thriller
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 13 janvier 2016
- Festival : Festival du film Policier de Beaune
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Oscillant entre le thriller et le drame personnel, A second chance pousse la tension dramatique à son paroxysme, faisant croître les degrés de la souffrance psychologique à mesure que l’intrigue s’assombrit. Dommage que l’on ait parfois du mal à y croire.
L’argument : Andreas est un jeune inspecteur prometteur qui gère, en plus de son travail, les crises et déboires de Simon, son coéquipier récemment divorcé. Quand il rentre de son service, il a le bonheur de retrouver sa femme et leur nouveau-né. Un matin, Andreas et Simon sont appelés pour une violente dispute chez un couple de junkies. Ils découvrent sur place un nourrisson laissé pour compte, caché dans un placard. Par identification avec son propre enfant, Andreas est en état de choc. Il retourne plus tard chez lui perturbé par cette intervention. En pleine nuit les cris de sa femme le réveillent. Face à l’impensable, Andreas va prendre une décision au-delà de toute raison.
© 2015 PROKINO Filmverleih GmbH
Notre avis : Avec ce sixième long-métrage - après Serena sorti en 2014 - la réalisatrice danoise Susanne Bier se lance dans un thriller sombre et violent, dans lequel la souffrance psychologique de l’être humain pousse l’individu dans ses retranchements, jusqu’à en perdre la raison. Le protagoniste principal - interprété par Nicolaj Coster-Waldau, le célèbre acteur de Games of Thrones - est un policier heureux à qui tout réussit : il est en couple, tout juste père et a une belle carrière. Pourtant, tout bascule lorsqu’il se retrouve confronté à une situation qui le heurte profondément. Appelé à intervenir chez un couple de toxicomanes, il découvre un bébé dans un placard, baignant dans ses déjections. Un processus d’identification entre son propre couple et celui de Tristan et Senna - le couple de junkies - s’instaure alors dans son esprit. Peu à peu, le bonheur du couple s’effrite et les choses tournent mal ; face à la souffrance et au désespoir qui l’accablent, Andreas prend une décision qui va à l’encontre de la morale.
© 2015 PROKINO Filmverleih GmbH
Dès lors, le couple d’Andreas et Anna, jusqu’ici le double positif de celui de Tristan et Senna, devient son rival dans le mal et la déchéance. Les scènes alternent sans cesse entre les deux couples, montrant tour à tour la souffrance des uns et des autres. Quant à Simon, le coéquipier alcoolique d’Andreas, il sert de point d’équilibre entre son collègue et ami et les deux drogués, sur qui pèsent tous les soupçons. Explorant les limites de la morale - une morale incarnée par le statut de policier - le film interroge sur les réactions de l’individu confronté à la douleur psychologique la plus intense. Jusqu’où peut-on aller dans l’irraisonnable lorsque l’on a dépassé les limites du supportable ? Telle semble être la question posée par A second chance. Le sujet est intéressant et traite avec justesse la question du désarroi qui mène à l’inconscience. De même, l’ascension vers le drame se fait lentement et par petites touches, grâce à un certain nombre d’éléments essentiels, dévoilés petit à petit. La tension est ainsi maintenue jusqu’à la fin et le film s’assombrit en même temps que le protagoniste se voit accablé par les événements. Pourtant, l’intrigue peine à être crédible, puisque les quelques retournements de situation qui provoquent la surprise du spectateur - autrement peu présente - paraissent farfelus et maladroits. Les perpétuelles inversions des rapports entre le Bien et le Mal (celui qui croyait bien agir se rend finalement compte que c’est lui qui agit mal, les actes raisonnables deviennent immoraux etc.) agacent à la longue, quand le film prend des tournures trop manichéennes. On comprend pourtant bien que là n’est pas le propos. A second chance veut démontrer que rien n’est intangible, surtout pas l’être humain, et que les valeurs morales ne sont pas immuables. Mais il s’y prend mal car cette vision manichéenne du monde est exhibée à outrance et c’est cela que l’on retient. Par ailleurs, on peut aussi regretter que le drame personnel prenne le pas sur le thriller, puisqu’il n’y a finalement que peu de surprises, le rythme est relativement lent et l’intrigue est centrée sur l’aspect psychologique et exploite peu la dynamique de l’attente et de l’étonnement. Bon drame mais mauvais thriller, en somme.
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