Le 20 janvier 2024
La mélopée de Caleb Azumah Nelson est aussi rythmée qu’un bon morceau de jazz, entraînante et chatoyante malgré la mélancolie qui étreint parfois ses héros, leur mal d’un pays fantasmé.


- Auteur : Caleb Azumah Nelson
- Collection : Denoël & d’ailleurs
- Editeur : Denoël
- Genre : Roman
- Nationalité : Anglaise, Ghanéenne
- Traducteur : Santiago Artozqui
- Titre original : Small Worlds
- Date de sortie : 10 janvier 2024
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur

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Résumé : S’il le pouvait, Stephen danserait tout le temps. À l’église avec ses parents et la communauté ghanéenne dont il est issu, dans les caves de son quartier à Londres, avec son amour de jeunesse dont il s’éloigne irrémédiablement, ou seul, en écoutant les vieux disques de son père qu’il aimerait mieux comprendre. Stephen est surtout un musicien, et il joue de la trompette autant qu’il le peut. Mais lorsqu’une tragédie vient frapper le jeune homme, son petit monde s’écroule. Après tout, que peut la musique face à la mort ?
Critique : Bigarré, rythmé et entraînant, Nos petits mondes recrée un morceau du Ghana en plein cœur de Londres, se glisse dans le quartier de Peckham et dans le quotidien de ses habitants. Stephen, le narrateur, est jeune, aussi sage que fougueux. Il profite de son dernier été de liberté avant l’université, passant ses journées dans un microcosme fait de musique et de chaleur. Le jazz le fait vibrer, presque autant que la présence de Del, sa partenaire de toujours. Ce roman d’apprentissage suit donc son héros, ballotté par la vie et ses aléas, par les contretemps qui bousculent et les certitudes qui vacillent.
La plume chatoyante de Caleb Azumah Nelson joue sur les répétitions, les anaphores sonnant comme des refrains rassurants dans lesquels il fait bon se réfugier. Elle fait ainsi écho aux morceaux dont il est question dans le roman, qui font palpiter les pages et les cœurs des héros, déjà mis à mal par les amours de toujours menaçant de s’enfuir. Les couleurs, les effluves et les goûts épicés que raconte l’auteur font voyager, immergent dans un Ghana fantasmé par le narrateur qui y est si peu allé et ne connaît presque que ce petit monde parallèle, pays miniature dans la capitale anglaise.
La communauté qu’imagine Caleb Azumah Nelson est profondément attachante et lui permet de diversifier les sujets qu’il aborde, au-delà des problématiques associées à la jeunesse de Stephen et aux incertitudes qui y sont liées, notamment dans l’un des derniers chapitres s’attardant sur son père. Se mêlent ainsi mélomanie, alcoolisme, mal du pays, deuil prématuré, conflits générationnels et violences raciales dans l’Angleterre d’hier et d’aujourd’hui.
Caleb Azumah Nelson - Nos petits mondes
Denoël
352 pages
140 x 205 mm
22 euros