Le 18 mai 2025
Un premier long métrage tout en finesse, qui déjoue les pièges de son drame médical initial pour proposer une belle réflexion sur la résilience, et se voit porter par son remarquable interprète, Théodore Pellerin.


- Réalisateur : Pauline Loquès
- Acteurs : Jeanne Balibar, William Lebghil, Camille Rutherford, Théodore Pellerin, Salomé Dewaels
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 1h36mn
- Date de sortie : 17 septembre 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025

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– Festival de Cannes 2025 : Semaine de la Critique, En compétition
– Cannes 2025 : Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation pour Théodore Pellerin
Résumé : Dans trois jours, Nino devra affronter une grande épreuve. D’ici là, les médecins lui ont confié deux missions. Deux impératifs qui vont mener le jeune homme à travers Paris, le pousser à refaire corps avec les autres et avec lui-même.
Critique : Diplômée en littérature et en droit, Pauline Loquès a été journaliste puis scénariste. Après un premier court métrage, La vie de jeune fille, elle s’est lancée dans le format long et n’a pas choisi un sujet facile pour son film, présenté à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2025. Nino Clavel est un jeune homme de vingt-huit ans qui apprend au hasard d’un rendez-vous administratif à l’hôpital qu’il est atteint d’une grave maladie. Il est quelque peu surpris et se voit expliquer le protocole de soins, assorti d’une nécessité d’effectuer un prélèvement de sperme qu’il doit ramener au laboratoire hospitalier dans les quarante-huit heures. Naturellement sonné et n’osant pas avouer son mal à son entourage, Nino va devoir gérer deux journées moins banales que mouvementées, marquées par une perte de clefs inopinée, un repas avec sa mère (Jeanne Balibar) plutôt évasive sur le père disparu, une soirée d’anniversaire organisée en son honneur par son meilleur ami (William Lebghil), et les retrouvailles avec une ancienne camarade de collège (Salomé Dewaels), une mère célibataire qui semble éprouver des sentiments pour lui…
- © 2025 Blue Monday Productions. Tous droits réservés.
Les scénarii sur des personnes atteintes de cancer peuvent déboucher sur des mélos médicaux plus ou moins digestes, de Docteur Françoise Gailland (1976) de Jean-Louis Bertuccelli au récent L’amour au présent (2024) de John Crowley. Ils ont été aussi à l’origine de merveilles filmiques. On pense notamment à Cléo de 5 à 7 (1962) d’Agnès Varda ou, à un moindre degré, Le temps qui reste (2005) de François Ozon. Nino est indiscutablement de la deuxième veine. Évitant (à part dans le premier quart d’heure) le caractère documentaire sur l’aspect médical de son sujet (une tendance un peu encombrante de nombreux films des années 2020, tels De son vivant et Le dernier souffle), la réalisatrice s’attarde davantage sur les effets touchant le comportement du jeune homme, et les réactions de ses proches. Sans tomber dans les travers du message angélique, du type « la vie et l’espoir peuvent combattre la mort », la réalisatrice donne une tonalité souvent légère à ses scènes et dialogues, sans tomber dans les facilités de l’humour noir ou du mot d’auteur.
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Le respect de l’unité de temps, la limpidité du récit (sans digressions futiles) et l’équilibre subtil entre les séquences d’intérieur et d’extérieur (la venue de Nino dans un marché aux puces où se trouve peut-être sa future amoureuse) traduisent un réel sens de la dramaturgie et de la mise en scène. Le film doit aussi beaucoup à ses comédiens, dont Jeanne Balibar, adapte des seconds rôles de maturité depuis quelque temps, d’Illusions perdues à Lads. Quant au Québécois Théodore Pellerin, dans le rôle-titre, il est admirable et son jeu lunaire et sensible, tout en retenue et sobriété, est un autre atout du film. Le jeune acteur avait déjà été repéré dans quelques longs métrages dont La dérive des continents (au sud) et Beau Is Afraid. Nino est donc une authentique réussite qui laisse espérer une filmographie de qualité pour Pauline Loquès.