Sélection prix du Livre Inter 2019
Le 7 juin 2019
Il n’a pas encore vingt ans, mais toujours pas d’argent et un avenir absent. Sans espoir d’éclaircie, la nuit s’empare de lui, vorace et morbide. Saura-t-il retrouver la lumière du jour et de la vie ? C’est l’histoire de Nino Paradis.
- Auteurs : Capucine Johannin, Simon Johannin
- Editeur : Allia
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 3 janvier 2019
- Plus d'informations : Le site officiel
L'a lu
Veut le lire
Résumé
Dès les premières pages, le hurlement du sergent résonne pour longtemps dans vos oreilles : « Tout le monde en rang, à l’ordinaire. Mâchez bien sinon vous allez nous cimenter les chiottes, et c’est pas moi qui irai les déboucher, compris ? » Le sergent ? Oui, le sergent, celui qui recrute les futurs légionnaires. Nino, dix-neuf ans, figure parmi les volontaires, groupe d’hommes venus des quatre coins du monde afin de recevoir, coûte que coûte, une solde, pour pouvoir s’en sortir. La Légion, c’est l’apprentissage d’un code d’honneur autant que celui d’une langue. Hélas, Nino ne passera pas l’épreuve, puisqu’il échouera brillamment au test de dépistage. De retour, Nino enchaîne les petits boulots. Une vie de débrouille, criblée par les flashs de fêtes étourdissantes, par les personnages qui surgissent et les histoires qu’ils racontent.
Notre avis : Engagé par dépit dans « l’armée en pire », légionnaire malgré lui, Nino apprendra comme une douce mélodie à « gueuler en cœur après ceux qui nous gueulent dessus ». Paul Dubois sera sa nouvelle identité parmi ce « concentré de galériens, prêts à crever canon en avant pour un SMIC ». Pas pour longtemps, car sa dernière défonce reste encore visible dans son sang. Recalé. Tant mieux pour lui, ou tant pis, car après c’est le « retour à la case merdier ». Vivotant plus qu’il ne vit dans un appartement qui n’en a que le nom tant il est décrépit, il ne donnera pas son corps à la France, c’est à la précarité et aux emplois sous-payés qu’il l’offrira. Après tout, même si le plancher est troué, garder son toit pour survivre est le plus important, et il lui restera bien un peu d’argent pour l’aider à oublier.
Paradis c’est son nom, Nino Paradis, un être idyllique qu’il tentera de trouver dans des nuits d’ivresse et de transe, à travers des plaisirs artificiels pour « voler quelques heures sous des lumières moins blanches que celles que nous sert le jour », quitte à « sombrer dans un monde où tout est possible et qui fera demain encore un réveil triste ». La nuit l’attire au risque de le subjuguer. La fête de trop, comme le chante Eddy de Pretto ? Une tension insoutenable pour « voler quelques heures sous des lumières moins blanches que celles que nous sert le jour ». Son repère s’appelle Malik, son ami. Mais c’est pour la belle Lale qu’il vit, son phare dans la nuit.
D’une écriture incandescente dont les braises brûlent encore bien après sa lecture, Capucine et Simon Johannin chantent l’amour avec poésie. Sous les néons de la nuit, leur prose scintille d’une lumière aussi bien sombre que rutilante, virevoltant de l’une à l’autre, souvent au bord du gouffre, c’est un souffle de vie qui surgit : « Je vois tes yeux par en dessous, tes petites narines dont les bords reflètent en jaune orange la lueur des flammes. Je sais que tu m’aimes. Ce que je sais pas c’est vers quoi on va tous les deux. Comment ça va se passer, avec quoi on va vivre. Toi non plus t’en sais rien, mais pour l’instant c’est la nuit, alors on le fait. Parce que ça fait longtemps, parce que baiser nous permet de pas trop penser au reste, parce qu’ici on est que nous la peau dans la peau. »
Leurs corps suffiront-ils à les sauver du précipice ? Le récit est écrit à quatre mains par Capucine et Simon Johannin, mariés dans la vie, la vingtaine tous les deux. Simon avait déjà publié un premier roman sous son nom, L’Été des charognes, également aux éditions Allia, pour nous conter une adolescence brutale et animale. C’est ici à travers la nuit électrique et hypnotique d’une jeunesse éperdue, mais vibrante d’espoir, que se déploie leur style étincelant de vitalité.
En lice pour le prix du Livre Inter 2019.
Capucine et Simon Johannin – Nino dans la nuit
Allia
279 pages
18.5 x 11.7 x 1.7 cm
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.