Le 26 mars 2015
Le premier film d’Yves Robert est une comédie rurale enlevée, avec un Louis de Funès déchaîné.
- Réalisateur : Yves Robert
- Acteurs : Claude Rich, Louis de Funès, Pierre Mondy, Noëlle Adam, Moustache
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Gaumont DVD
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 7 mars 2021 20:55
- Chaîne : Paris Première
- Date de sortie : 23 avril 1958
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Résumé : Dans ce charmant village de Montpaillard, la rivalité du braconnier facétieux et diabolique : Blaireau et du garde-champêtre dépourvu d’humour : Parju, provoque bien des remous. Le moindre prétexte est bon à Parju pour "coffrer" Blaireau. Il le prouve lorsqu’il est attaqué et assommé par Armand Fléchard, jeune professeur de piano amoureux d’Arabella la fille des châtelains. Croyant qu’il s’agit de Blaireau, il le fait arrêter. La suite des évènements permettra à ce dernier de réunir les amoureux dont les parents étaient opposés au mariage et de devenir le héros du village.
Critique : Quatre ans avant de rencontrer un immense succès avec La guerre des boutons (1962), Yves Robert débutait tout juste sa carrière de cinéaste avec un premier long métrage, Ni vu ni connu.
Si cette comédie a connu un succès modéré au box-office, elle possède néanmoins plusieurs atouts qui la rendent très agréable.
Dans Ni vu ni connu – titre surprenant qui n’a finalement rien à voir avec son contenu – Yves Robert adapte avec un certain brio L’affaire Blaireau d’Alphonse Allais. Le jeune réalisateur peut compter sur sa tête d’affiche : Louis de Funès. Tout juste auréolé de sa présence dans La traversée de Paris (1956) qui l’a fait connaître auprès du grand public, Louis de Funès interprète le rôle principal de Blaireau, un braconnier gai et espiègle, qui s’amuse à tourner en bourrique Franju, le garde-champêtre de la ville bien nommée de Montpaillard.
Sans conteste, le film doit beaucoup à Louis de Funès qui est très présent dans l’espace (peut-être trop d’ailleurs) et nous gratifie de scènes comiques dont il a le secret. La relation particulière que Blaireau entretient avec Franju est à se tordre de rire : le petit aime taquiner le gros dans un jeu qui fait immanquablement penser aux aventures de Titi et de Gros minet.
Il faudrait être vraiment réfractaire aux comédies pour ne pas rire devant les pitreries développées par un Blaireau survolté qui en fait voir de toutes les couleurs à ce pauvre Franju. A titre non exhaustif, on peut citer une balade en barque qui ne se passe pas comme prévue pour notre représentant de l’ordre ; un contrôle sur le marché du village hilarant où le chien de Blaireau constitue un complice très efficace (en cela le film préfigure par instants l’excellent Alexandre le bienheureux du même Yves Robert). Tout cela se déroule dans un esprit bon enfant, typique du cinéma à venir d’Yves Robert.
A cet effet, la scène la plus marquante, qui est même restée à la postérité, est celle du concours de pêche. Dans celle-ci, avec une décontraction impressionnante, Blaireau se joue de tous ses adversaires, et notamment du maire qui semble médusé de la réussite du braconnier ! La scène est bien entendu surréaliste, le but n’étant pas d’être crédible mais d’amuser le spectateur. Sur ce point, c’est à nouveau une réussite. Le spectateur mord forcément à l’hameçon.
Cela étant, il serait réducteur de limiter ce premier film à son seul aspect comique. Yves Robert met au piloris un système judiciaire dont l’équité est parfois sujette à caution. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, notre Blaireau se voit condamner pour un délit qu’il n’a pas commis. Et évidemment, en l’absence de témoin, le braconnier constitue le coupable idéal, car comme le déclare le juge : “les honnêtes gens n’ont pas besoin d’alibi. “
Le réalisateur se moque d’instances étatiques qui semblent sclérosées, où la sécurité de l’emploi d’un fonctionnaire peut parfois lui laisser toute latitude pour faire ce qu’il veut, sans être inquiété en retour. A la question du directeur de prison “Vous avez donc toujours l’intention de braconner, hein ?”, Blaireau répond : “A bah que voulez-vous, tout le monde ne peut pas être fonctionnaire, monsieur le directeur. A la revoyure.”
Le film accumule les gags à un rythme effréné, de telle sorte que l’on a jamais le temps de s’ennuyer. Toutefois, la présence de Louis de Funès, aussi formidable soit-elle, empêche les autres personnages d’exister quelque peu. Il y a bien l’histoire d’amour contrariée entre Fléchard, le professeur de piano (excellent Claude Rich) et la bien nommée Arabella (la belle Noëlle Adam, bien joueuse dans le film), mais elle reste secondaire et pas assez travaillée, par rapport aux aventures de Blaireau.
Tout cela n’entache pas pour autant le plaisir que l’on a à regarder cette comédie champêtre qui fait de Montpaillard “la ville la plus gaie de France”.
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