C’est un bien joli roman qu’a écrit Laura Jacobs, le roman de la vie comme elle va, à travers quelques saisons, pour deux femmes à la trentaine finissante : le moment des choix. Iris Biddle va vers les quarante ans, déterminée à prendre les choses du bon côté. Depuis son divorce, elle gagne sa vie en fabriquant de ses mains des abat-jour à son image : élégants et poétiques. Ses créations hors de prix s’arrachent comme des petits pains parmi la clientèle huppée de Manhattan. Lana Burton, de quelques années la cadette d’Iris, est en train de percer dans le milieu extrêmement fermé de la critique de danse, ce qui ne lui apporte pas que des amis. Côté sentimental, elle est dotée d’un petit ami tout ce qu’il y a de plus adorable, sauf qu’il n’a pas l’air décidé à vivre avec elle...

Aucun larmoiement, aucun apitoiement, aucun sentimentalisme. Juste la vie telle qu’elle est, parfois futile et parfois grave, avançant par à-coups avec ses petits bonheurs précieux, ses réminiscences d’enfance, ses amitiés qui perdurent ou qui se délitent et l’amour, au centre des préoccupations des deux protagonistes, qu’elles se l’avouent ou non. Dans ce milieu fébrile et superficiel de la mode et de l’art - un milieu que l’auteure connaît sur le bout des doigts puisqu’elle est journaliste à Vanity Fair -, Iris et Lana n’ont rien de deux écervelées. Douées et plutôt ambitieuses, mais conscientes qu’une vie réussie se joue aussi sur d’autres plans que celui de la profession. L’histoire d’Iris et celle de Lana avancent parallèlement, par courtes saynètes pleines de drôlerie et de véracité. Les petits riens de tous les jours et les intermittences de l’âme sont décrits d’une plume alerte et sensible. Le frémissement singulier de la vie est saisi avec une grande délicatesse. Saupoudré d’un zeste de frivolité, à la fois parfaitement glamour et parfaitement réaliste, New-Yorkaises - une vraie bonne surprise - est le roman de l’élégance du cœur.