Le 8 octobre 2008

La croissance et le moral des consommateurs en berne, et c’est tout Hollywood qui nourrit un scénario catastrophe dont le seul gagnant serait le spectre du piratage.
La croissance et le moral des consommateurs en berne, et c’est tout Hollywood qui nourrit un scénario catastrophe dont le seul gagnant serait le spectre du piratage.
La notion de croissance est effroyable. Sur une planète où les ressources sont limitées et où la démographie galope dangereusement, les publicitaires et nos politiques essaient de nous faire croire, quittes à donner mauvaise conscience aux consommateurs lorsqu’ils jouent la carte de la prudence, qu’il est naturel et essentiel pour le maintien de l’économie (et de nos économies) de laisser les bénéfices des entreprises gonfler annuellement. Une légère baisse dans les comptes, même si l’on se retrouve à des chiffres formidables excédant ceux d’il y a trois ans, et déjà le pavillon de la récession est agité dans tous les sens. On restructure. On vire. On soigne les portefeuilles des nantis, en débarrassant le socle de la pyramide des maillons faibles. Cela permet au rouleau compresseur de la Bourse de poursuivre imperturbablement son diktat, propulsé par des actionnaires toujours plus avides de gains, sans faire le moindre effort. Avec une telle logique, qui ne tient jamais compte des imprévus, des baisses de moral passagères, et des limites inéluctables (tôt ou tard, les courbes de la croissance et de la consommation ne pourront que se stopper), on arrive à des absurdités comportementales et à une contagion d’irrationnel qui plonge actuellement toute la planète dans le tourment.
Un scénario digne d’un film catastrophe, qui sera, on s’en doute, très vite récupéré par Hollywood. La Mecque du cinéma n’attend plus d’avoir le recul nécessaire pour aborder l’actualité. L’Irak, le World Trade Center, George W. Bush... Le septième art, plus que jamais, s’en va-t-en guerre. Plus que jamais se veut politique, même si les tiroirs caisses résonnent du creux des recettes. Pourtant, dans cette logique capitaliste exacerbée, comment vivra-t-il la crise ? Quelles seront les conséquences sur sa production alors que la santé des studios fluctuent et que la récession provoquera très certainement un fléchissement des entrées et une baisse conséquentes des ventes de DVD ? Cette situation désastre ne décuplera-t-elle pas les chiffres du piratage ? Pour le coup, celui-ci deviendrait le Robin des Bois des petits consommateurs, volant aux riches pour donner aux pauvres la culture du divertissement qu’ils ne peuvent plus s’offrir légitimement, et assènerait d’un coup fatal une industrie vacillante. Une hypothèse effrayante dont personne ne ressortira gagnant.