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Le 13 février 2006


Crise de la quarantaine en portraits croisés. Brigitte Smadja fait mouche.
Crise de la quarantaine en portraits croisés. Brigitte Smadja fait mouche.
Gérald, Michel, Juliette, Carole et les autres. Une petite bande d’amis, la trentaine bien avancée, mariés, célibataires ou séparés. Insatisfaits mais ne sachant pas où est le manque. Démunis et désemparés. Comme si leur vie s’écoulait à leur insu, comme s’ils n’avaient pas de prise sur elle, comme si le mode d’emploi s’était évaporé. Qu’est-ce qui cloche ? Ils sont en bonne santé pourtant, ils gagnent leur vie grâce à des boulots plutôt gratifiants. Mais leurs illusions ont été balayées et l’essentiel se dérobe, laissant un goût bluesy d’inachevé et d’inaccessible.
A coup de courtes saynètes, qui sont comme de petites nouvelles venant se juxtaposer, se répondre, s’éclairer, Brigitte Smadja nous fait entrer dans l’intimité cabossée des uns et des autres, ces garçons et ces filles encore jeunes, mais qui voient le temps filer sans que leur existence prenne une forme satisfaisante, sans même qu’elle leur paraisse réelle. Qui se démènent comme ils peuvent, avec leurs moyens si limités, si pathétiques, si humains. Qui remplissent le vide de vide.
Regard d’entomologiste. Justesse du trait, jamais grossi, toujours percutant. Belle concision. Portraits au scalpel de ces fragiles et touchantes marionnettes, de ces "natures presque mortes". "Presque", c’est-à-dire pas tout à fait. C’est dans cette nuance que réside leur ultime chance d’échapper à la confusion. En se gardant de toute trace moralisatrice, en laissant en creux les réponses possibles, Brigitte Smadja force le lecteur à déterminer ses propres raisons d’espérer. Ce en quoi son petit livre aigu et un peu déprimant est bien moins innocent qu’il ne pourrait sembler de prime abord.
Brigitte Smadja, Natures presque mortes, Actes Sud, 2006, 110 pages, 13,80 €