Mort de l’acteur et critique Michel Delahaye

Son nom n’était pas très connu du grand public, surtout de la nouvelle génération. Michel Delahaye s’en est allé avec la même discrétion que celle qu’il manifesta au cours de sa carrière, pourtant l’une des plus singulières du cinéma français. Critique de cinéma, acteur, scénariste, écrivain, ouvrier, travailleur social, il eut un parcours atypique, à l’écart des modes et des sunlights médiatiques. Il fut l’un des plus brillants collaborateurs des Cahiers du cinéma de la grande époque, celle des années 50 et 60, avant d’être évincé de la revue pour ne pas avoir partagé ses errements maoïstes. Cette analyste intransigeant et modeste retrouva la plume critique dans les années 90, publiant des articles brillants dans La Lettre du cinéma. Et son visage n’échappe pas au souvenir du cinéphile, Michel Delahaye ayant interprété de multiples seconds rôles, essentiellement dans des films d’auteur. Il fut ainsi portier dans Bande à part de Jean-Luc Godard, vicaire dans La Religieuse de Jacques Rivette, ministre dans Peau d’âne de Jacques Demy, vampire dans Le Frisson des vampires de Jean Rollin, directeur de prison dans L’Albatros de Jean-Pierre Mocky, archiviste dans L’Argent des autres de Christian de Chalonge, comptable dans La Banquière de Francis Girod, ou la voix de la Limousine dans Holy Motors de Léos Carax. Michel Delahaye était aussi l’un des fidèles de la troupe d’acteurs de Paul Vecchiali, qui le dirigea dans plusieurs de ses films dont le sublime En haut des marches : il y interprétait un ancien collabo nantais qui abordait Danielle Darrieux sur une plage toulonnaise. Michel Delahaye a également tourné avec René Allio, Jean Rouch, Jean Yanne, Luc Moullet, Marie-Claude Treilhou et Jean-Claude Biette. Il était âgé de 87 ans.