Le vilain petit canard d’Anderson
Le 20 octobre 2020
Esthétiquement bluffant, le septième long métrage de Wes Anderson ne tient pas la route sur la durée. Toutefois, le plaisir demeure.
- Réalisateur : Wes Anderson
- Acteurs : Frances McDormand, Edward Norton, Bill Murray, Bruce Willis, Jason Schwartzman, Tilda Swinton, Jared Gilman, Kara Hayward, Lucas Hedges
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : StudioCanal
- Durée : 1h34mn
- Date télé : 6 avril 2024 22:42
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 16 mai 2012
- Festival : Festival de Cannes 2012
Résumé : Sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, au cœur de l’été 1965, Suzy et Sam, douze ans, tombent amoureux, concluent un pacte secret et s’enfuient ensemble. Alors que chacun se mobilise pour les retrouver, une violente tempête s’approche des côtes et va bouleverser davantage encore la vie de la communauté.
Critique : L’entrée en matière de cette 65ème édition paraît plutôt alléchante grâce à la présentation du nouvel opus de Wes Anderson. Un an après Woody Allen, le Festival débute avec un autre représentant majeur du cinéma d’auteur américain, dont la filmographie est empreinte d’une légèreté à la fois loufoque et jubilatoire, derrière laquelle se cache un sens aigu de la gravité des choses. Immédiatement, le cinéphile avisé aura flairé la patte de maître (renard) Anderson. D’autant plus que s’il délaisse le monde de l’animation, les animaux, quant à eux, sont à nouveau de la partie ; mais de manière cette fois référentielle à l’arche de Noé (pour illustrer symboliquement la violente tempête qui s’approche des côtes), tout autant qu’au spectacle des enfants célébrant le fameux « Carnaval des animaux ». Le plan-séquence inaugural à travers les différentes pièces de la demeure de Suzy en dit long sur le caractère de chacun de ces membres. Rien d’étonnant à ce que la jeune adolescente ne trouve plus sa place dans cette maisonnée farfelue, coincée entre un père absent, génial Bill Murray, et une mère volage (la trop rare Frances McDormand). Dans pareilles circonstances peu propices à l’épanouissement personnel, elle part rejoindre Sam, un orphelin avec qui elle entretient une correspondance épistolaire régulière, qui s’est échappé du camp scout et est venu installer ses quartiers sur l’île reculée où elle crèche. Comme toujours, l’univers "andersonien" ne ressemble à aucun autre ; dans le cas présent, il s’attarde sur l’éclosion du premier amour adolescent. Les nouveaux venus que sont Edward Norton (sorte de Baden-Powell en culottes courtes) et Bruce Willis (l’unique flic insulaire) font des étincelles. Malheureusement, ils n’empêchent pas le récit de s’embrouiller en fin de parcours. Si esthétiquement, le septième long métrage de Wes Anderson balaye tout sur son passage, le rythme s’essouffle dangereusement dans la seconde partie. On était en droit d’en attendre plus de la part du réalisateur de La famille Tenenbaum que l’on apprécie tant et qui se contente surtout de satisfaire les plus jeunes. Mais ne boudons pas notre plaisir : dans le paysage cinématographique mondial, ce Wes Anderson-là reste bien au-dessus de la moyenne.
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Frédéric de Vençay 3 juin 2012
Moonrise Kingdom - Wes Anderson - critique
Après un "Fantastic Mr Fox" empaillé, où le disque Anderson semblait définitivement rayé, ce "Moonrise Kingdom" vient nous rassurer sur l’état de santé de son cinéma - même s’il apporte peu de changements fondamentaux à son petit théâtre de marionnettes jaune sépia. Malgré quelques faiblesses relatives (de scénario, de rythme), c’est une œuvrette extrêmement réjouissante dont on ressort avec le baume au cœur et les étoiles dans les yeux. Que "Moonrise" demeure un opus mineur dans la filmo du Texan importe finalement peu, puisque le film se vit précisément comme cela : c’est une pure bulle récréative harmonisée à nos rêveries d’enfant, gagné par une nouvelle forme d’innocence. Cocasse et gracile, cette légèreté retrouvée donne lieu à plusieurs idées géniales et à quelques séquences tout bonnement merveilleuses, dont le désormais fameux slow des deux gamins sur un tube de Françoise Hardy. Délicieux.
Jean-Patrick Géraud 11 août 2012
Moonrise Kingdom - Wes Anderson - critique
Sur une trame fantaisiste, Anderson réalise un film cocasse et ludique, qui confirme toute la singularité de son univers. Peut-être pas si gentillette qu’elle en a l’air de prime abord - à plusieurs moments surgit une violence presque tribale : le chien tué d’une flèche, les hameçons-boucles d’oreille - l’oeuvre témoigne, en sourdine, des inquiétudes d’une Amérique anxieuse, désireuse de réinventer ses mythes fondateurs dans l’espoir de conjurer quelques vieilles menaces (la crise économique, symbolisée par Action Sociale ; les dérèglements climatiques, qui oeuvrent à l’arrière-plan du récit). Dommage que le cinéaste ne se soit pas mouillé un peu plus, au lieu de ramener au bercail ses "Bonnie and Clyde" en herbe, et de leur faire embrasser le terrain du conformisme.
Terrence Baelen 11 décembre 2012
Moonrise Kingdom - Wes Anderson - critique
Le problème avec ce nouvel Anderson, c’est qu’il semble plus se concentrer sur son style et sur la forme, que sur ses personnages et leur fond. Toutefois, Moonrise Kingdom possède encore un peu de charme.