Monsieur Smith au Sénat - Frank Capra - critique

Critique : L’idée d’Arnold et de Payne est de faire nommer un homme de paille qu’ils pourront manipuler à leur guise. En effet, ils projetent de construire un barrage qui devrait leur rapporter gros. Pour cela, ils ont donc besoin d’un jeune naïf qui connaît mal les règles institutionnelles et votera comme ils le souhaitent. Smith, l’idéaliste, leur paraît donc le candidat idéal.
Le jeune homme, à peine nommé, débarque à Washington où il prend immédiatement un bus touristique pour, totalement ébahi, visiter le Capitole.

Frank Capra poursuit avec ce film sa vision d’une Amérique idéalisée en proposant une fable humaniste, voire lyrique, mais sans jamais verser dans un optimisme béat. Smith va très vite comprendre qu’on se sert de lui, aidé en cela par Clarissa Saunders (Jean Arthur), l’attachée parlementaire de son prédécesseur, qui connaît toutes les ficelles du métier, et par Diz Moore (Thomas Mitchell), un journaliste roublard.

Sous couvert d’une histoire d’amour qui débute difficilement, typique du cinéma hollywoodien, le récit décrit le monde politique avec une réelle vision acerbe. Le sympathique Smith va devoir suer sang et eau pour à la fois se débarrasser de son image de parlementaire "godillot" voire "péquenot" et prouver ses honnêtes intentions dans un discours fleuve qu’il tiendra lors d’une séance mémorable au Sénat, qui en elle-même est une belle prouesse de cinéma.

James Stewart, en idéaliste maladroit et bien moins naïf qu’il y paraît, est le parfait Monsieur Smith.
Une belle fable politique, qui mélange habilement didactisme et divertissement et reste l’une des plus grandes réussites de Frank Capra.

Le festival de Cannes 1939 annulé à l’époque et recréé en 2019 à Orléans a attribué trois prix au film : Grand Prix Jean Zay, prix d’interprétation pour James Stewart et Prix Lycéen de la meilleure réalisation.