Seuls les anges ont des ailes
Le 27 décembre 2020
Ce sommet du cinéma américain d’après-guerre offre l’un de ses meilleurs rôles à James Stewart et constitue le chef-d’œuvre de Capra.
- Réalisateur : Frank Capra
- Acteurs : James Stewart, Gloria Grahame, Beulah Bondi, Lionel Barrymore, Thomas Mitchell, Ward Bond, Donna Reed, Henry Travers, Frank Faylen, H.B. Warner, Frank Albertson, Todd Karns, Samuel S. Hinds, Mary Treen, Virginia Patton, Sarah Edwards
- Genre : Comédie dramatique, Fantastique, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France, Swashbuckler Films
- Durée : 2h09mn
- Date télé : 31 décembre 2020 14:30
- Chaîne : ARTE
- Reprise: 24 décembre 2014
- Titre original : It's a Wonferful Life
- Date de sortie : 10 décembre 1947
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Résumé : Le décès de son père oblige George Bailey à reprendre l’entreprise familiale de prêts à la construction, qui permet aux plus déshérités de se loger. Il entre en conflit avec l’homme le plus riche de la ville, qui tente de ruiner ses efforts. Au moment où il approche de la victoire, il égare les 8 000 dollars qu’il devait déposer en banque. Le soir de Noël, désespéré, il songe au suicide. C’est alors que le Ciel dépêche à ses côtés un ange de seconde classe, qui pour gagner ses ailes devra l’aider à sortir de cette mauvaise passe..
Critique : La vie est belle est le premier long métrage de fiction d’après-guerre de Frank Capra, qui avait réalisé deux ans plus tôt Arsenic et vieilles dentelles. Entre temps, Capra avait quitté Hollywood pour diriger les services cinématographiques de l’armée. C’est aussi sa dernière grande réussite, qui marque l’apogée de son style et de la comédie américaine. Encore que le mélange des genres, novateur pour l’époque, donne une vision contrastée à ce récit : fantaisie romantique et familiale, critique sociale et fantastique se mêlent à la perfection, le tout avec une intelligence narrative et un sens plastique étonnant. Dès le prologue, qui montre une constellation et permet d’entendre le discours mystérieux et déjanté entre deux créatures célestes, nous savons que Capra a gagné son pari. Tout le film sera ensuite baigné d’un faux cadre réaliste, le cinéaste imposant une distance de par des arrêts sur image interpellant le spectateur, et l’intrusion, au moment où on ne s’y attendait plus, d’une tonalité de merveilleux. Capra s’est entouré de quatre scénaristes qui ont adapté un récit de Philip Van Doren Stern, qui constituait une excellente trame pour un conte de Noël, tout en correspondant à l’univers du cinéaste. Depuis New York-Miami (1934), Capra n’a cessé de narrer les antagonismes de classe dont il avait souffert dans sa jeunesse. On en voit ici l’illustration dans le conflit opposant George à l’ignoble Potter (Lionel Barrymore), magnat mafieux et cynique qui incarne une déperdition des valeurs américaines. Le personnage de George, de l’enfance à l’âge adulte, est donc bien le double du cinéaste, qui trouve en James Stewart un porte-parole humaniste et sincère. « Le rêve américain, ce n’est pas l’argent, mais le bonheur et la liberté », disait alors Capra.
L’optimisme du récit est cependant tempéré par un ton amer et le thème récurrent de la mort, preuve que les années de guerre ont marqué le réalisateur. Mais on retrouve bien l’angélisme (ici dans tous les sens du terme), ainsi que les constantes de l’œuvre de Capra, de l’attachement à la petite entreprise privée à l’enracinement dans la communauté, en passant par les vertus des liens familiaux. Nulle trace de mièvrerie et de boy-scoutisme dans ce petit monde où les véritables problèmes ne peuvent être résolus que par une intervention surnaturelle. La figure de l’ange Clarence est à cet égard l’une des plus pittoresques du récit, et la composition du truculent Henry Travers fait écho à celle du maléfique Jules Berry dans Les visiteurs du soir. Le reste de la distribution est également un régal, de Thomas Mitchell en vieil oncle alcoolique à H.B. Warner en pharmacien, en passant par Donna Reed en épouse attentive ou Ward Bond en policier. Culminant dans une séquence sublime dont s’inspirera peut-être le Resnais de Smoking et No smoking, La vie est belle se distingue aussi par une perfection technique et esthétique dont le beau noir et blanc de Jack Okey n’est pas le moindre atout. Succès d’estime mais sans plus à sa sortie, ignoré par les critiques de l’époque, La vie est belle ne fut réévalué que bien plus tard. Ce bijou de l’âge d’or hollywoodien ne doit évidemment pas être confondu avec le film de Roberto Benigni, dont il n’a en commun que le titre.
– Golden Globes, USA 1947 : Meilleur réalisateur
– Cinema Writers Circle Awards, Spain 1949 : Meilleur film étranger
– New York Film Critics Circle Awards 1946 : Meilleur réalisateur
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