Le 31 octobre 2016
Un Imamura mineur, intéressant mais loin de ses grandes réussites.


- Réalisateur : Shohei Imamura
- Acteurs : Hiroyuki Nagato, Kayo Matsuo
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Editeur vidéo : Elephant Films
- Durée : 1h41mn
- Titre original : Nianchan

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– Année de production : 1959
– Sortie Blu-ray : le 15 novembre 2016
Résumé : A Kyushu, dans une petite ville minière en crise, après la guerre de Corée, quatre frères, dont le plus jeune a dix ans, orphelins, tentent de s’en sortir.
Notre avis : Inédit en France, connu parfois sous le titre Les enfants du charbonnage, ce quatrième film d’ Imamura est assez atypique (mais dans son cas, qu’est-ce qui est « typique » ?) pour susciter la curiosité. Le scénario y est de pur mélo, introduit dès le début par une voix-off qui parle de crise dans les mines et la première séquence narrative tourne autour d’un enterrement, celui du père des héros : compte de l’argent reçu, entourloupe d’une voisine, larmes générales, le ton est donné. Puis on suivra différents personnages dont une infirmière rejeté par la population qu’elle veut aider (ah ! La bonne âme !) et surtout, les quatre frères et sœurs orphelins.
Imamura soigne ses cadrages (la caméra sous le cercueil porté, le travelling en plongée sur Henmi ramenant chez lui les enfants à la manière d’une mère-oiseau, etc.) jusqu’au raffinement quasi-maniéré mais ce qui peut séduire dans de nombreux films est ici souvent hors de propos ; on attendrait du sale, comme le dit Stephen Sarrazin dans les bonus, du poisseux, on attendrait de la sauvagerie et du hirsute. Mais Mon deuxième frère est propre, presque lumineux. Les quelques insultes qui émaillent les dialogues ne valent que peu par rapport au déluge de bons sentiments qu’on croit un moment ironique. Pas ici de méchant, même pas de lutte des classes ; les péripéties s’enchaînent, closes sur elles-mêmes plutôt que participant d’une cohérence générale, sans manichéisme, à la manière si l’on veut d’un néoréalisme propret.
Pourtant, ne soyons pas injuste malgré notre déception : Imamura reste passionnant dans sa science du cadrage ; il parvient à faire exister la révolte rageuse du petit frère en plus d’une occasion ; il sait utiliser le pathétique (la rencontre des deux sœurs au moment du départ dans le bus). Évidemment, on aimerait être davantage ému, on aimerait que l’image soit moins corsetée, moins froide. Mais tel quel, Mon deuxième frère, sans être un grand Imamura, intéressera sans doute au-delà des inconditionnels du cinéaste : d’un abord immédiat plus facile que d’autres de ses films, il peut être une excellente introduction à une œuvre exigeante.
Les suppléments :
Outre la galerie photos et les bandes annonce, le Blu-ray propose un entretien avec Stephen Sarrazin qui, pour être intéressant quand sont développés des thèmes comme la colère ou la marge, n’en est pas moins beaucoup trop court (5 minutes).
L’image :
Les quelques plans initiaux instables et parasités restent exceptionnels par la suite, tant les nuances de gris et la profondeur des noirs comme la modestie du « grain cinéma » témoignent de la réussite de la restauration.
Le son :
La seule piste disponible (pas de VF) soigne particulièrement les voix et les dialogues retrouvent une belle présence, malgré quelques passages plus étouffés.