Un des films français du cinéaste allemand Robert Siodmak
Le 8 décembre 2019
Un drame maritime entre Dunkerque et Shanghaï, irrigué par une double influence : celle du cinéma expressionniste allemand et celle du réalisme social à la francaise. Le film est servi par de superbes acteurs.
- Réalisateur : Robert Siodmak
- Acteurs : Marcel Dalio, Albert Préjean, Gabrielle Dorziat, Harry Baur, Robert Lynen
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Durée : 1h42min
- Date de sortie : 26 janvier 1938
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Résumé : Le capitaine au long cours Mollenard sillonne les mers du globe, en partie pour échapper à sa famille, mais surtout pour fuir son épouse. Son cargo détruit par un incendie, le capitaine et son équipage sont rapatriés en France. Soupçonné de s’être livré au trafic d’armes pour son compte personnel, Mollenard voit sa situation au sein de sa compagnie sérieusement compromise. Le retour au foyer se transforme vite en enfer
Notre avis : A Dunkerque, Mathilde Mollenard (Gabrielle Dorziat), grande bourgeoise austère et bigote, donne les dernières instructions à ses deux enfants, Jean (Robert Lynen) et Marie (Elisabeth Pitoëff) : recevoir le curé. Elle doit se rendre à une convocation du directeur de la compagnie maritime (Jacques Baumer), qui emploie son mari. Celui-ci, le capitaine Justin Mollenard (Harry Baur), est soupçonné de traffic d’armes en Extrême-Orient et, pour cette raison, sera mis à pied à son retour.
A Shanghai, le capitaine Mollenard et son second Louis Kerrotret (Albert Préjean) essaient de rouler dans la farine Truffier, l’administrateur chargé de contrôler leur bateau (Jacques Louvigny)
Voilà un film étonnant, moderne et grinçant qui est dû à l’un des cinéastes d’origine allemande, ayant travaillé en France dans les années 30 (à l’instar de Fritz Lang, Billy Wilder ou encore Max Ophuls). Robert Siodmak y tournera une petite dizaine de films, dont celui-ci. Dès le début de la guerre, Il poursuivra sa carrière aux États-Unis. C’est à lui que l’on devra Les tueurs (The killers) en 1946, classique du film noir, avec Burt Lancaster et Ava Gardner.
Mollenard est un film d’ambiance qui joue sur deux univers : l’Extrême-Orient d’une part, tourné en studio, avec des lieux dangereux, enfumés, peuplé de personnages louches, de bouges et de prostituées. Cette partie chinoise emprunte au style de l’expressionnisme allemand avec ses immeubles anguleux , ses ombres et ses fumées.
D’autre part, il y a le port de Dunkerque, avec sa société corsetée, où se déversent les ragots, où l’on vit dans le qu’en-dira-t-on. Cette partie est imprégnée du réalisme social, propre au cinéma français des années 30.
Les personnages ne sont guère reluisants : Mollenard, sous couvert de la respectabilité et de l’autorité de sa fonction de capitaine, est un escroc, assez vulgaire et plutôt très mufle. Son second et ses hommes sont prêts à tout, par fidélité à leur chef. Son épouse est revêche, revancharde, soucieuse de sa réputation et âpre au gain. En Chine, Le trafiquant (Pierre Renoir), son nervi (Walter Rilla) et un musicien mouchard (Marcel Dalio) ne valent pas mieux . et en France, les responsables de la compagnie maritime, Chevrier en tête (Jacques Baumer), ne pensent qu’à leur dividendes et à leur réputation.
Le film repose sur une mise en scène efficace et sur un scénario très bien conçu par Charles Spaak et Oscar-Pierre Gilbert, d’après le roman de ce dernier.
L’interprétation des acteurs est superbe, en particulier celles de Harry Baur, géant aux pieds d’argile, et Gabrielle Dorziat, dans un personnage raide et inflexible.
Sous-titré "Le capitaine corsaire" à sa sortie
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