Le 7 février 2022
Un vieux garçon, qui vit avec ses deux sœurs dans un univers qui semble immuable, tombe amoureux d’une nouvelle collègue. Un très bon mélodrame mâtiné de suspense, dont la fin, improbable, a malheureusement été imposée par la censure de l’époque.


- Réalisateur : Robert Siodmak
- Acteurs : George Sanders, Geraldine Fitzgerald, Ella Raines, Sara Allgood , Moyna MacGill
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Mélodrame, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Swashbuckler Films
- Editeur vidéo : Swachbuckler Films
- Durée : 1h20mn
- Reprise: 3 novembre 2021
- Titre original : The Strange Affair of Uncle Harry
- Date de sortie : 21 novembre 1947

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– Année de production : 1945
Résumé : Corinth, Nouvelle-Angleterre : Harry Quincy (George Sanders), célibataire endurci, vit avec ses deux sœurs, Lettie (Geraldine Fitzgerald) et Hester (Moyna MacGill) dans leur grande maison familiale. Héritiers d’une prestigieuse lignée, il ne leur reste que cette demeure après le krach boursier de 1929. Harry, surnommé "Oncle Harry" par ses collègues, est créateur dans l’usine de tissu de la ville.
Critique : Dès les premières images, on comprend que Harry, sous ses dehors calmes et bienveillants, est un artiste contrarié, qui bouillonne intérieurement en rêvant d’une toute autre vie. Exerçant son métier sans passion, il mène une vie réglée au millimètre et répétitive entre l’usine et la routine instaurée depuis des années avec ses sœurs. Hester, l’aînée, veuve inconsolable, en se plaignant de leurs modestes moyens, dirige la maisonnée, avec Nona, vieille domestique (Sara Allgood). Lettie, la cadette, une jolie femme, se comporte comme une enfant gâtée, et passe le plus clair de son temps au lit, en prétextant une maladie chronique un peu vague.
Cet équilibre va se trouver bouleverser quand Harry va tomber sous le charme d’une créatrice de mode, nouvelle recrue de l’usine, Deborah (Ella Raines). Harry réussira t-il à se défaire de l’emprise de ses deux sœurs pour épouser Deborah ?
Le récit va se focaliser sur la dilemme qui va déchirer Harry, peu habitué à prendre d’importantes décisions. D’un côté, ses deux sœurs désœuvrées et tournées vers le passé, qui veulent que rien ne change, et particulièrement Lettie qui exerce un perpétuel et toxique chantage avec sa santé. De l’autre, Deborah, qui représente la modernité, innove dans son travail, fume, porte le pantalon, et souhaite épouser Harry au plus vite.
Robert Siodmak réussit un bel équilibre entre le mélodrame classique et le film noir. Petit à petit, la tension monte pour Harry qui ne peut pas se décider à quitter ses sœurs et va imaginer une solution radicale. La fin, malheureusement plaquée pour répondre aux codes de censure, est cependant invraisemblable et arrive en totale contradiction avec tout ce qui a précédé.
Passée cette réserve, le long métrage réussit à créer une ambiance pesante où grandit une sourde menace. George Sanders, toujours impeccable de flegmatisme, est très bien entouré par une belle distribution féminine.
Le cinéaste tournera l’année suivante Les tueurs (The killers), avec Burt Lancaster et Ava Gardner, qui deviendra l’une des références du film noir américain.