Le 6 mars 2021
Dans ce nouveau recueil, LaoShu partage avec nous sa mélancolie, son amour de l’oisiveté et son rejet de l’hyperactivité, créée par la société de consommation de notre temps. Ses peintures, empreintes de douceur et de calme, se marient à merveille avec ses poèmes de quelques vers, regards sur un monde qui ne semble pas convenir à ce personnage anonyme, en qui nous pouvons tous nous retrouver.
- Auteur : LAOSHU
- Editeur : Editions Philippe Picquier
- Genre : Beaux Livres
- Nationalité : Française
- Traducteur : Jean-Claude Pastor
- Date de sortie : 8 octobre 2020
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Résumé : {Moi, Mon Chat et le Plaisir des jours} nous plonge dans la poésie et les peintures de LaoShu. Pour chaque jour de l’année, l’artiste peint une toile et écrit un poème. Utilisant le même personnage, un homme portant une robe classique et un chapeau à large bords, dépourvu de visage, dans différents paysages et situations, LaoShu nous propose des peintures sur la vie, le temps, le cycle des saisons, le quotidien, accompagné de courts poèmes à la première personne.
Critique : Le livre s’ouvre sur un texte de LaoShu qui parle de son personnage, ce héros sans visage en robe chinoise. Et à travers de ce héros de papier, il évoque son grand-père et sa jeunesse. Puis, après cette introduction légèrement autobiographique, l’ouvrage se divise en quatre chapitres, correspondant aux quatre saisons : printemps, été, automne et hiver.
Il se termine sur un petit texte, Les chats de mon enfance, qui revient sur d’autres souvenirs de l’auteur... autour des chats.
Les quatre parties constituant le cœur de ce livre mélangent, sur chaque page, un poème et une peinture. Les courtes poésies sont enlevées, parfois drôles, souvent émouvantes. Ce sont quelques vers simples pour évoquer le temps qui passe, le manque d’une personne, le plaisir des jours, comme le souligne le titre. Et, dans tous les cas, on repère une forme de tristesse non dramatique, car souvent drôle, qui peut renvoyer à la saudade. Une tristesse rehaussée de légèreté, qui donne à ces écrits une douceur apaisante.
Pas de restriction dans la forme, des petites strophes de deux, quatre, cinq, six ou encore plus de vers. La seule contrainte est de tenir sur la page en compagnie du dessin.
Les poèmes ne se contentent pas d’illustrer le dessin ou l’inverse : au contraire, graphisme et écrit se complètent, s’imbriquent et s’enrichissent.
Copyright 2020, Editions Picquier pour l’édition française
Les peintures sont belles. Elles semblent créer un pont entre la tradition millénaire de la peinture classique chinoise et la modernité de notre siècle. Elles comportent parfois des écrits calligraphiés en chinois bien sûr, et parfois non.
Sur un papier souvent beige, ocre, en tout cas rarement blanc, Laoshu dessine et peint, en utilisant différentes techniques.
Certaines peintures sont réalisées à l’encre noire qui semble se diluer sur la feuille, parfois rehaussée d’une pointe de couleurs. Là, les silhouettes sont tracées d’un trait épais mais fluide, les arbres sont stylisés en quelques lignes rugueuses. Il n’y a pas de droite, mais toujours ce tracé qui donne une vie, une vibration au dessin. Ici, c’est au pinceau fin, presqu’à la plume que semblent dessinés les personnages et les décors. Les couleurs s’étalent, les montagnes au loin se diluent dans la brume, tandis que les herbes folles du premier plan sont représentées tige par tige, nageant dans des teintes de vert éclatantes. Les fleurs de lotus apparaissent comme autant de points rouges. Le personnage est coloré en blanc pour ressortir sur le papier brun clair.
Copyright 2020, Editions Picquier pour l’édition française
Et parfois, les deux styles se mélangent.
Les sujets mettent en scène de vastes paysages, des maisons, des terrasses, des intérieurs sobres avec quelques peintures, parfois érotiques, sur les murs. Et dans ces décors, apparaissent l’homme, la femme, des amis, un couple, le chat, des légumes, des fleurs, ou encore quelques objets technologiques comme une tablette ou un smartphone aux côtés d’un poêle, d’un livre, d’un pinceau.
Ces peintures, qui ne semblent pas fourmiller de détails, sont pourtant des points d’ancrage qui nous retiennent et nous emmènent ailleurs. On se prend à s’arrêter sur une brique, une fleur, un caillou. Et on ressort apaisé de cette lecture, comme soulagé d’un poids, un peu plus heureux, un peu plus confiant en la vie.
Copyright 2020, Editions Picquier pour l’édition française
Moi, Mon Chat et le Plaisir des jours est une réussite totale, tant du point de vue des images, du texte, que du lien entre les deux. Chaque jour, on peut profiter d’un de ces messages d’apaisement et ressentir cette mélancolie, ce temps de pause dans notre société où tout va toujours trop vite. LaoShu nous offre, avec talent, le temps d’un dessin poétisé ou d’un poème dessiné, un véritable moment de paix.
208 pages – 26€
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