La jeune fille et la mort
Le 13 février 2014
Grand Prix surprise du dernier festival de Gérardmer, que vaut réellement Miss Zombie du japonais Sabu ?
- Réalisateur : Hiroyuki Tanaka
- Acteurs : Makoto Togashi, Ayaka Komatsu, Toru Tezuka
- Genre : Drame, Épouvante-horreur, Film de zombies
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h25mn
- Festival : Gérardmer 2014
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Grand Prix surprise du dernier festival de Gérardmer, que vaut réellement Miss Zombie du japonais Sabu ?
L’argument : Un médecin aisé, sa femme et leur fils reçoivent un jour une mystérieuse cage avec, à l’intérieur, paisiblement assise, une morte vivante. Elle est accompagnée d’une note d’instructions précisant « ne pas lui donner de viande - peut devenir violente » et d’un pistolet au cas où la créature s’en prendrait aux humains. Frottant et nettoyant sans relâche, Miss Zombie devient rapidement la servante docile de cette maison, entraînant au sein de la famille une succession d’événements malheureux et inattendus, causés par la fascination qu’elle exerce sur le jeune fils comme par l’attirance que le père éprouve pour elle.
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Notre avis : Déjà présenté lors de l’édition 2013 de L’étrange festival, voilà que Miss Zombie repointe son nez en ce début d’année au sein de la compétition officielle du dernier festival international du film fantastique de Gérardmer. Il s’y voit décerner le Graal, Grand Prix du jury à la surprise générale ! Le cinéaste japonais aux commandes, Hiroyuki Tanaka, officiant ici sous le pseudonyme de Sabu s’est fait connaître avec le déjanté Postman Blues en 1997. Le reste de sa filmographie (une petite douzaine de péloches au compteur) et sa notoriété ont malheureusement un peu de mal à percer en dehors de son île natale. C’est donc avec une vraie curiosité que l’on accueille Miss Zombie, son dernier long-métrage tourné dans un noir et blanc raffiné qui charme par la délicatesse apportée à ses contrastes.
Coincé entre mélodrame et film de zombie, l’approche entreprise tend à se détourner d’un genre trop souvent balisé. Ici, les morts-vivants dans un stade peu avancé de l’infection virale se voient exploités par les plus riches tel des domestiques destinés aux taches ingrates. On se souvient que ce concept avait déjà été puisé sur le ton de la comédie dans le léger et anodin Fido d’Andrew Currie en 2006. Avec un beau sens du cadre, Sabu va nous faire entrer dans le quotidien d’une famille aisée qui va peu à peu basculer à partir du jour où le paternel décide d’introduire une jeune fille zombie à l’état quasi végétatif dans leur demeure. C’est sur un rythme pour le moins inégal que les personnages sont installés, le plus souvent au travers de la répétitivité des taches ménagères (les spectateurs pour qui la patience n’est pas une vertu devraient avoir un peu de mal à supporter le bruit du va et vient récurrent d’une brosse grattant la pierre).
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La "miss zombie" pourtant discrète devient très vite un objet de fascination au sein de la petite communauté familiale. Elle se mue rapidement et bien malgré elle en un élément perturbateur de premier choix suscitant aussi bien les convoitises de la maison que le mépris en dehors de ces murs. L’infectée qui porte ses cicatrices au visage comme les blessures de l’âme de son passé continue d’endurer les brimades extérieures et à se plier sans aucune réaction aux pulsions enfouies des hommes du logis.
Un événement dramatique va pourtant ébranler son existence, agissant comme un électrochoc sur sa personne. Sa conscience et son cœur se libèrent pour aboutir petit à petit à des prises de décision concrètes. Entre jalousie et instinct maternel, les ambitions du dernier acte se voient pourtant noyées dans un grotesque malvenu et embarrassant (la mort du père ou encore les cris interminables de la mère), ce qui a pour don de laisser souffler comme un froid avant le générique. Il est également fâcheux de devoir constater un certain manque d’empathie généré par la morte-vivante au regard fragile (elle porte en elle un lourd traumatisme, révélé sur le tard et son passé n’est en fin de compte qu’effleuré).
On pointera aussi du doigt une interprétation générale laborieuse où aucun des protagonistes ne parvient à livrer une prestation convaincante face caméra (ça surjoue quand même pas mal sur la fin). Quelques défauts qui viennent malheureusement tempérer un bien joli savoir faire en matière de langage cinématographique. Au final, Sabu accouche d’un film plastiquement fort qui peut cependant déconcerter par son rythme mais surtout par le manque de sérieux lié au dernier acte. C’est bien simple, cette histoire de cellule familiale qui vole en éclat fascine autant qu’elle rebute.
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