Michael Clayton - Tony Gilroy - critique

Critique : : Avec un sujet pareil, on ne peut pas dire que le cinéaste Tony Gilroy, scénariste de la saga Bourne identity parrainé par Sydney Pollack (à la fois acteur et producteur), ait choisi la facilité. Courageux, il a opté pour une approche intéressante qui risque malheureusement de ne pas lui attirer toutes les faveurs. A savoir privilégier le portrait psychologique d’un homme contre un groupe (le Michael Clayton du titre contre une multinationale agrochimique qui cache sa responsabilité dans la mort d’innocents) aux rebondissements des gros "films dossiers" écrits avec des semelles de plomb. Incidemment ou non, il se situe aux antipodes des thrillers actuels ultra-découpés et simplistes en confirmant une volonté de retourner au cinéma américain complexe et engagé des années 70, au même titre que les récents Raisons d’Etat de Robert De Niro et 7h58, ce samedi-là de Sidney Lumet. Mais un tel sujet nécessite une maîtrise que le réalisateur, doué sur le fond, apprenti sur la forme, ne possède pas toujours.

C’est la qualité et la limite de l’ensemble. Deux ou trois belles idées, des pics de tension épars et le casting compensent les maladresses de style. George Clooney est idéalement entouré d’acteurs chevronnés (Tom Wilkinson, Tilda Swinton), crédibles peu importe les situations. Hélas, l’illusion est de courte durée : le récit qui part sur des bases honorables ne supporte pas les ombres tutélaires (Pakula, Lumet, plus ambitieux). Les zones d’ombre et les passages à vide ne facilitent pas la limpidité. Et puis, parallélisme plombant : le résultat, souvent nébuleux, évoque Révélations, de Michael Mann, en toujours moins bien.