Mes chers voisins

Socialement incorrect et furieusement cynique.

D’après le dossier de presse, Alex de la Iglesias se prépare depuis longtemps à "la domination totale et absolue de la planète". Une chose est certaine, il ne dominera pas le cinéma espagnol avec Mes chers voisins...
En revanche son humour noir très second degré et sa facilité à tourner les scènes gore en dérision font de son dernier film une agréable surprise estivale.

De nos jours, Julia (Carmen Maura), agent immobilier quadragénaire et dynamique, espère pimenter sa vie de couple en investissant un fabuleux appartement qu’elle doit louer dans le centre de Madrid.
Mais la nuit de rêve prévue tourne au cauchemar. Julia découvre un magot dans l’appartement d’un voisin décédé, et se retrouve mêlée à une chasse au trésor aussi dangereuse que saugrenue.
En effet, les autres voisins guettaient depuis plus de vingt ans la mort du vieil homme millionnaire grâce à un ticket de loto.

La communidad (titre original) est un repère de personnalités mesquines, fausses, laides, prêtes à tout pour quelques billets de banques : à tuer, à tromper, à intriguer.
Alex de la Iglesias nous présente là une galerie de personnages tous aussi haïssables les uns que les autres avec un regard terriblement sarcastique. Mes chers voisins est une sorte de Delicatessen à l’espagnol.

Alex accumule tous les clichés avec une fascinante maîtrise. Tout ce qui a fait le succès des films noirs revient ici avec l’exagération nécessaire à l’humour : la grandes scène de l’héroïne pendue au-dessus du vide, les rebondissements incessants, les trahisons évidentes, le héros benêt qui se révèle finalement le plus malin. Bref, savoureux à condition de le prendre avec du recul.

Carmen Maura (qu’on a pu voir en France dans Le bonheur est dans le pré) joue à merveille de son personnage de victime et bourreau. Quant à Eduardo Antuna, il est étonnant en homme infantilisé par sa mère qui se masturbe déguisé en Dark Vador...

Mes chers voisins n’est certes pas le film espagnol de l’année, la concurrence est rude avec Amenabar (Les autres) et Almodovar(Parle avec elle), mais il au moins le mérite de détendre. Quand Alex de la Iglesia quitte les cieux du Jour de la bête pour redescendre épier ses semblables, cela donne un film socialement incorrect, et furieusement cynique.