« Rihanna est ma sœur »
Le 21 août 2015
Ce récit des déboires d’un immigré africain ne manque pas d’atouts. Il a été présenté à la Semaine de la Critique de Cannes 2015.
- Réalisateur : Jonas Carpignano
- Acteurs : Koudous Seihon, Alassane Sy, Pio Amato
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h47mn
- Date de sortie : 2 septembre 2015
- Festival : Festival de Cannes 2015
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Résumé : Ayiva a récemment quitté le Burkina Faso afin de subvenir aux besoins de sa sœur et de sa fille. Il profite de sa position dans une opération de contrebande pour quitter le continent avec son meilleur ami Abas. Ayiva s’adapte vite à sa vie en Italie, mais lorsque des tensions apparaissent avec la communauté locale, la situation devient dangereuse. Décidé à réussir dans ce nouveau contexte, il essaie de surmonter la tempête mais cela a un prix.
Critique : Jonas Carpignano est un réalisateur qui a passé son enfance entre New York et Rome. Il a toujours été sensible au thème de l’immigration, sa mère étant afro-américaine et son père italien. Mediterranea est son premier long métrage, après plusieurs courts remarqués dans des festivals internationaux, dont la Semaine de la Critique. Le récit est initialement basé sur les émeutes raciales survenues à Rosarno en 2010, et qui ont conduit le cinéaste à se rendre en Calabre pour mieux cerner les circonstances de cette révolte. Mediterranea évoque ces prémices, davantage que la violence sur lesquelles elles ont débouché. Par bien des aspects, le film fait écho à Hope de Boris Lojkine, présenté en 2014 dans cette même section, et qui se déroulait dans le monde souterrain et communautaire d’immigrés qui remontent le Sahara. Le départ du Burkina Faso et le voyage des migrants ne constituent par contre que le début de Mediterranea, et le cinéaste préfère se centrer sur le vécu d’Ayiva et son ami Abas en territoire italien, après un bref détour libyen. « J’ai souhaité faire un film qui capture les aspects ordinaires de l’expérience du migrant alors qu’il doit gérer le quotidien », a déclaré Jonas Carpignano. Mais Il évite soigneusement les écueils d’une œuvre « coup de poing » et misérabiliste sur la condition des immigrés, et cela constitue l’une des premières qualités du récit :
celui-ci se présente comme une suite de saynètes presque documentaires, qui n’occultent pas les zones d’ombre d’Ayiya, prêt à (presque) tout pour aider sa petite famille africaine. Exploité par un entrepreneur sans scrupules qui fait travailler les clandestins dans les pires conditions pour un salaire de misère, il accepte la règle du jeu mais c’est pour lui-même se livrer à de petits trafics en tous genres. Aux séquences larmoyantes et démonstratives, le cinéaste préfère d’attachantes digressions, tels les échanges avec un petit Gavroche italien ou le repas servi par une Mamma toute heureuse de servir de mère de substitution à ces hommes en exil. Le film est par ailleurs révélateur de l’importance de la mondialisation culturelle. Outre le fait qu’il s’agit d’une coproduction internationale ayant impliqué l’Italie, les États-Unis, l’Allemagne et même le Qatar, Mediterranea traite aussi, en filigrane, du poids des technologies numériques dans la vie des migrants, les réseaux sociaux et Skype étant au cœur du récit, et un lecteur MP3 jouant même un rôle crucial dans l’intrigue. Loin d’être anecdotique, cette dimension permet d’éclairer les personnages sous un autre angle, contournant les stéréotypes sur les habitants des pays en développement. On soulignera enfin la qualité de la photo de Wyatt Garfield, le chef-opérateur des Bêtes du Sud sauvage, dont le réalisateur, Benh Zeitlin, a cosigné la musique du film de Jonas Carpignano.
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