Un polar dans lequel Chalumeau rallume toute la nostalgie des truands de la vieille école. Borsalinos, bonnes manières et jolies berlines, la recette fait mouche, surtout quand elle est servie par un dialoguiste aussi doué.

Imaginez un instant que Frédéric Dard et Michel Audiard soient parvenus, par l’un de ces miracles dont la science a le secret, à avoir un fils. Eh bien ce fils-là ressemblerait sans aucun doute à Laurent Chalumeau, adepte des petites frappes qui ont fait les grandes heures des polars des années 60 et de la gouaille d’un Bérurier aviné. Les amateurs du genre se régaleront avec ce Maurice le siffleur, titre qui en dit long sur le genre de personnages peuplant ce roman se déroulant sous le soleil cannois.
L’ancien dialoguiste du tandem Garcia/De Caunes a choisi Cannes comme décor pour ce polar déglingué, racontant une histoire mêlant (en vrac) la mafia russe, un promoteur immobilier, une poule de luxe, un homme politique, deux truands amateurs, une vendeuse de lingerie et le bien nommé Maurice le siffleur. Sur fond de corruption, de transactions immobilières douteuses, de mallettes d’argent sale et de champagne frelaté, Chalumeau met en scène des personnages plus vrais que nature, forts en gueule, que leurs excès rendent toujours un peu ridicules. Le plus exceptionnel, c’est qu’aucune goutte de sang n’est versée et que l’on se laisse embringuer dans cette aventure rocambolesque sans demander son reste. Un Chalumeau tout feu tout flamme !