At your door
Le 21 décembre 2012
Remake un peu vain du film capillo-scalpé de Lustig,Maniac se porte quand même mieux entre les mains de Franck Khalfoun que dans la bouche d’Irene Cara.
- Réalisateur : Franck Khalfoun
- Acteurs : Elijah Wood, Nora Arnezeder, America Olivo
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain, Français
- Date télé : 23 avril 2021 22:35
- Chaîne : OCS Choc
- Titre original : Maniac
- Date de sortie : 2 janvier 2013
- Festival : Festival de Cannes 2012, L’Étrange Festival 2012
Remake un peu vain du film capillo-scalpé de Lustig, Maniac se porte quand même mieux entre les mains de Franck Khalfoun que dans la bouche d’Irene Cara.
L’argument : Un psychopathe sème la mort en ville en scalpant ses victimes pour recréer sa mère abusive décédée plusieurs années auparavant.
Notre avis : On ne sait pas quand exactement, mais le cinéma des Amériques est passé depuis peu du statut d’usine à propositions à celui de machine à recycler, fort occupée à déterrer ses morts et remaker ses glorioles comme d’autres évoquent les joyeuses échauffourées de Guadalcanal. Le problème, c’est qu’empiler les resucées sans chaîne de tri conduit inévitablement au désastre ou à Judge Dredd (voire Total Recall, bientôt ressuscité lui aussi) ce qui revient peu ou prou au même. Aussi, une bande d’européens a choisi de prêter main forte à ses cousins, affolée à l’idée de voir Hollywood exhumer les pires outrages de ses fonds les plus bas, tout en laissant les vraies matières nobles croupir dans les abysses de l’Histoire. Et au cœur de l’ivraie galopante, ils n’ont trouvé qu’un seul et unique bon grain : William Lustig. Ce n’est pas le plus clean, ce n’est pas le plus génial (surtout en matière de titres) mais il s’agit visiblement du plus 2012, puisque Winding Refn s’affaire actuellement autour du relifting de son Maniac Cop, tandis qu’Alexandre Aja, Thomas Langmann et Franck Khalfoun ont déjà mis leur version de Maniac sur les rails (on vous avait prévenus pour les titres). On peut saluer la démarche, à défaut d’y voir autre chose qu’un hommage impuissant ou une muséification prudente.
Le premier souci de ce néo-Maniac, c’est évidemment son casting. Si Elijah Wood règne en maître sur Hobbitebourg et fréquente les orques depuis beaucoup plus longtemps que Marion Cotillard, sans avoir jamais laissé autre chose qu’une partie de sa réputation à l’intérieur, le petit homme a quand même du mal à rivaliser avec Joe Spinell (le Frank du premier film, donc), sorte de loukoum malsain, ou de poche à mauvaises graisses et pulsions inavouables. Cela revient à passer de l’excroissance putride au garçonnet bancal ; un garçonnet n’ayant guère plus à offrir qu’un regard délavé de freak sans âme, quand la tronche de Spinell avait déjà tout d’un crime impardonnable. Ce choix étrange porte en fait les germes de l’échec de Khalfoun, appliqué et révérencieux, mais trop hygiéniste pour réveiller la magie crasseuse de Lustig qui, même datée, pousse encore ses spectateurs à vouloir prendre une douche après le générique. Son descendant, lui, a tout du mauvais rêve de garçon coiffeur et pas grand-chose du slasher infectieux.
C’est là tout le péril d’un remake. Qui sait si le travail de Khalfoun et Aja (co-scénariste avec Gregory Levasseur) n’aurait pas fait meilleure impression s’il avait porté un autre nom et un autre script ? Qui sait si ses morceaux de bravoure (notamment une séquence d’ouverture brillante et décomplexée) n’auraient pas mieux servi un film flambant neuf ? La question n’a presque pas de sens, me direz-vous, mais il n’empêche qu’un tel projet, si respectueux de son papa, est nécessairement déceptif. Parce qu’entre les réussites qui ne tiennent qu’à leurs clins d’œil appuyés (mêmes plans sur un meurtre, mêmes éléments de décor, mêmes poursuite dans le métro désert, mêmes déglutitions post-scalps, mêmes répliques parfois) et les échecs jugés à l’aune du modèle (discours œdipien encore plus poussif que chez Lustig, flashbacks et irruptions inutiles d’une maman fornicatrice , préciosité confortable et plans accessoires) il ne reste que très peu d’espace pour laisser les bonnes idées s’ébrouer convenablement.
Parce qu’il y en a, des bonnes idées. Notamment cette caméra subjective qui nous permet de suivre le crash mental du tueur directement depuis la salle des machines. Non seulement le principe fleure bon le Halloween de Carpenter, mais il autorise aussi le scénario à creuser son propos sur la dépersonnalisation d’un psychopathe qu’on ne voit quasiment jamais de face durant la première heure, si ce n’est dans un miroir ou après un scalp érotique au possible (jouissance schizo). Qui plus est, le procédé force une empathie joliment perverse pour le fétichiste des tonsures artisanales, rejoignant là le travail de Balaguero sur Malveillance, dont tous les axes de mise en scène jouaient sur ce principe de compassion/répulsion, ou d’adhésion à contre-cœur. Quoi qu’il en soit, l’ensemble, ultra-violent, évoque le plus immersif des jeux-vidéo, assez pulsionnel pour faire des ouragans sub-crâniens un véritable cauchemar synesthésique, tout en scies sonores (déjà présentes dans le film de Lustig) et en spasmes à fleur de lame. Une vraie réussite. Plus qu’une photo chiadée en diable, mais trop vaporeuse pour échapper à une caricature de clip gentiment chic (Q-Lazzarus dans la BO n’aide pas). Parce que si le personnage de Franck - du reste parfaitement en osmose avec sa délicate passion pour les mannequins – est un triangle des Bermudes ambulant, où les garde-fous disparaissent systématiquement des radars, on préfère ses orages magnétiques à ses brumes rêveuses.
Finalement, on l’aime bien le petit Elijah, enfant-assassin incapable de faire la différence entre les dames de cire et les poupées de sang, jolie tondeuse compulsive traumatisée par une maman aux culottes lestes. Et puis, il jouit tout de même d’un script beaucoup plus tenu que celui de son ancêtre, qui soigne son fil rouge amoureux et son crescendo comme le tueur ses trophées poisseux. Mais encore une fois, le voyeur faisandé de Lustig, plus incarné, plus sexué, pris dans la lumière crue de son appartement-abattoir, a quelque chose de fondamentalement dérangeant que même la séquence la plus gore du Khalfoun effleure à grand-peine. Parce qu’en insistant outre-mesure sur les migraines brutales et les fêlures de Frank, là ou le Maniac des origines se contentait quasiment des soliloques déments de Joe Spinell, le film ne fait qu’humaniser une bête dont on aimait la sauvagerie intacte. C’est un beau travail de conservateur, plus proche du bloc-opératoire que de l’arrière-boucherie, voilà tout. Il s’agit peut-être également -mais c’est vrai pour les deux films - du premier grand slasher sur la hantise de la calvitie.
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Frédéric Mignard 13 décembre 2012
Maniac - la critique
Il n’y a pas à dire, un remake qui claque ! Dans son mauvais genre, un pur chef d’oeuvre d’ambiance, avec un Elijah Wood habité par son rôle et une musique eighties signé Rob qui s’impose comme un achat immédiat...
Pierre Vedral 2 janvier 2013
Maniac - la critique
La vue subjective présente jusqu’à l’overdose aura fini par obtenir le scalp du nouveau Maniac. Elijah Wood est une erreur de casting, un remake raté malgré un potentiel certain, rendez nous l’original culte de William Lustig !
Lui de Go with the Blog 5 janvier 2013
Maniac - la critique
MANIAC réalisé en 1980 par William Lustig, fait partie de ces films d’horreur dont tout le monde parle et que finalement très peu ont vu. Il faut dire aussi que l’oeuvre, élevée au rang de film culte, n’est pas forcément à mettre devant n’importe quels yeux.
Trente ans après sa sortie, MANIAC n’échappe pas à l’épreuve du remake. Elijah Wood endosse le rôle de Franck Zito, jeune homme solitaire qui a développé une obsession capillaire très (très très) particulière.
Encore un énième remake me direz-vous ?! … Oui, mais pas n’importe quel remake !
La suite ici : http://gowith-theblog.com/maniac-remake-2012/