Eclats d’histoire
Le 11 juin 2014
Premier volet d’une trilogie inachevée sur l’histoire des Philippines, le coup d’essai de Raya Martin fait ressurgir le frémissement du cinéma des origines en déployant un dispositif poétique qui a la simplicité de l’évidence retrouvée.
- Réalisateur : Raya Martin
- Acteurs : Bodjie Pascua, Suzette Velasco, Lemuel Galman, Mark Joshua Maclang, Russell Ongkeko
- Genre : Historique, Expérimental
- Nationalité : Philippin
- Distributeur : Shellac
- Durée : 1h36mn
- Date de sortie : 9 juillet 2008
- Plus d'informations : https://www.shellac-altern.org/fich...
L'a vu
Veut le voir
– année de production : 2005
– Photographie : Maisa Demetillo, Roymark Gerez
– Montage : Louie Quirino, Anne Esteban
– Musique : Khavn De La Cruz
– format : DV cam NTSC
Premier volet d’une trilogie inachevée sur l’histoire des Philippines, le coup d’essai de Raya Martin fait ressurgir le frémissement du cinéma des origines en déployant un dispositif poétique qui a la simplicité de l’évidence retrouvée.
L’argument : Situé dans les années 1890, un récit de la sanglante émancipation des Philippines de la tutelle espagnole à travers trois personnages, dont la révolution nationale bouleverse l’existence.
Notre avis : Premier film d’un jeune Philippin d’à peine vingt ans Maicling pelicula nañg ysañg indio nacional est un objet non identifié qui place l’expérimentation formelle au centre de sa démarche mais dépasse le cadre du cinéma expérimental.
C’est le volet initial d’une ambitieuse trilogie consacrée à l’exploration de l’histoire mouvementée, et souvent refoulée, des Philippines que Martin poursuivra en 2009 avec le magnifique Independencia mais dont le troisième pan reste pour le moment en attente.
- Maicling pelicula nañg ysañg indio nacional - Raya Martin 2005
Pour tenter de faire ressurgir quelques bribes de cette histoire nationale occultée Raya Martin évite délibérément les sentiers battus du film d’archives soumis au discours explicatif comme de la banale reconstitution narrative cinématographique classique.
Sa démarche est plus risquée, adoptant une logique poétique qui s’impose avec l’évidence des paris qui paraissent fous au premier abord.
Pour approcher une époque qui est aussi celle des débuts du cinéma, il recourt au langage des bandes de l’époque : plans muets très brefs, en noir et blanc intense, reliés par des intertitres explicatifs qui n’expliquent rien, ne font pour ainsi dire jamais le lien, mais rendent les images plus étranges encore et énigmatiques. Ces plans surgissant du passé sont évidemment des faux, et ne cherchent pas vraiment à donner le change mais il sont plus vrais que vrais par leur caractère indécidable, résistant à toute tentative de réduction, d’interprétation.
- Maicling pelicula nañg ysañg indio nacional - Raya Martin 2005
Raya Martin déploie avec bonheur une esthétique de la béance, de l’écart, du trou dans le discours rationnel impossible, empêchant la mécanique du sens de se refermer sur elle-même.
Ce dispositif esthétique à la fois sophistiqué et élémentaire est brillamment mis en oeuvre mais ne s’enferme pas dans un système clos.
Pour préparer le spectateur à recevoir, dans un état d’ébahissement permanent, cette espèce de révélation énigmatique, le cinéaste lui fait d’abord passer un test initiatique au travers d’un très long plan séquence initial d’une dizaine de minutes, en couleurs, montrant une femme se retournant dans son lit pour tenter de trouver le sommeil avant de réveiller son compagnon pour qu’il lui raconte une histoire, ce qu’il commence effectivement à faire, face à la caméra.
Cette mise en condition, que certains trouveront éprouvante, voire décourageante, est pourtant nécessaire pour nous mettre dans l’état de douce torpeur fiévreuse qui nous rendra réceptifs à la beauté sidérante, à l’émotion ténue mais intense, d’ordre météorologique, émanant de ces plans d’enfants regardant le ciel bouche bée, de visages fixant l’objectif, de forêt qui respire.
- Maicling pelicula nañg ysañg indio nacional - Raya Martin 2005
Eblouissant coup d’essai qui ressuscite le frémissement du cinéma des origines avec les ressources de la technologie la plus moderne, Un film bref au sujet de l’Indio Nacional est bien plus qu’une ébauche prometteuse. C’est le premier mouvement d’une oeuvre essentielle qui depuis s’est déployée en splendides variations (les quatre heures quarante de Now showing ; Independencia ; Buenas noches, España).
- Maicling pelicula nañg ysañg indio nacional - Raya Martin 2005
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.