Le 18 juin 2018
Le Woody Allen nouveau est arrivé. Une fantaisie romantique entre magie et spiritisme au cœur des Années folles.
- Réalisateur : Woody Allen
- Acteurs : Colin Firth, Marcia Gay Harden, Erica Leerhsen, Emma Stone, Catherine McCormack, Eileen Atkins, Jacki Weaver, Hamish Linklater, Simon McBurney
- Genre : Comédie romantique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h38mn
- Date télé : 21 septembre 2024 23:17
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Box-office : 1 060 193 entrées France / 392 571 entrées Paris Périphérie / 10.539.326$ (recettes USA)
- Date de sortie : 22 octobre 2014
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Résumé : Dans les années 1920, Stanley, un magicien et illusionniste professionnel anglais qui officie grimé en chinois dans ses spectacles, est amené à enquêter dans le sud de la France sur une jeune spiritualiste nommée Sophie, soupçonnée d’escroquer et de dépouiller de riches familles de la French Rivera. Après s’être lancé sur les traces de la médium pour la démasquer, Stanley est troublé au contact de la jeune femme. Il tente de savoir si Sophie a un don réel mais ne tarde pas à tomber sous son charme…
- © Mars Films
Critique : Avec son quarante-septième long métrage, présenté en septembre dernier au festival de Deauville en avant-première, le très prolifique Woody Allen (un film par an !) nous propose son film de l’année 2014 : Magic in the Moonlight. Après le drame somptueux Blue Jasmine, remake de A Streetcar Named Desire (Un tramway nommé désir) d’Elia Kazan, d’après la pièce de Tennessee Williams, et d’une brulante actualité (on y retrouve les thèmes de l’affaire Madoff), on pouvait se demander ce que le malicieux Woody allait sortir cette année de son chapeau. Il avait longtemps laissé planer le mystère autour de la cuvée 2014. Mais le bougre a plus d’un tour dans son sac. Avec Magic in the Moonlight, il effectue un brusque retour vers le passé et vers l’Europe, comme il l’avait fait avec Minuit à Paris (2011) et To Rome with Love (2012). De son chapeau magique, Woody Allen sort ainsi une fantaisie romantique, au titre bucolique, située en 1920 dans le sud de la France. Une sorte d’hommage aux Années folles qui, au regard fasciné du cinéaste, sont comme un âge d’or de la beauté, du plaisir et de l’amour. Cette plongée dans les années 20 permet à Woody Allen de traiter un de ses sujets de prédilection : la magie et le spiritisme, qui faisaient florès à l’époque. Dans les Années folles, en effet, les music-halls faisaient fortune lorsqu’ils programmaient de grands numéros de magiciens, tandis que les soirées mondaines se devaient de faire appel à des médiums et autres télépathes pour être à la mode. Woody Allen, lui, est attiré par la magie depuis son enfance ; les magiciens hantent souvent son œuvre : dans Zelig, La Rose pourpre du Caire et Minuit à Paris, le fantastique est omniprésent. Rien d’étonnant donc à ce qu’il ait choisi ce domaine de prédilection dans le décor de la Riviera française des années 1920.
- © Mars Films
C’est sur une petite musique jazzy, genre qu’affectionne tout particulièrement le cinéaste, lui-même joueur de jazz à New York, que nous découvrons le casting du film. Puis, dès les premières scènes, nous sommes saisis par le parfum exquis des Années folles et l’insouciance d’une certaine bourgeoisie française après la Première Guerre mondiale. Le tout dans la beauté ensoleillée du sud de la France.
Un magicien britannique, Stanley Crawford (Colin Firth), qui se cache sous le nom du prestidigitateur chinois Wei Ling Soo, est appelé à la rescousse par un ami, magicien lui-même, pour confondre une prétendue médium de dix-neuf ans, Sophie Baker (Emma Stone). La délicieuse jeune fille opère dans le Midi pour arnaquer, avec la complicité de sa mère, une famille plutôt niaise de milliardaires, les Catledge. La mère, Grace, nunuche à souhait, veut rentrer en contact grâce aux pouvoirs médiumniques de Miss Baker avec son défunt mari, afin que celui-ci l’assure qu’il ne l’a jamais trompée... Son benêt de fils devient, lui, follement amoureux de Sophie.
Utilisant un subterfuge pour s’introduire chez les Catledge, Stanley assiste, en observateur sceptique, à une séance de spiritisme dirigée par la jeune médium. Stanley est troublé par les performances de la fausse ingénue au regard bleu magnétique. Au hasard de leurs pérégrinations, le « truqueur » et « l’arnaqueuse » se retrouvent dans un concert d’étoiles à l’observatoire de Nice. Et Stanley, l’élégant quadragénaire, de conter fleurette au clair de lune à la jeune et jolie Sophie… Ce qui semblait pourtant fort improbable de la part de ce magicien, qui se définit comme un « homme rationnel » et par ailleurs misanthrope, arrogant et fort imbu de lui-même. Stanley finit par démêler le faux du vrai – mais le coup de foudre a opéré. Woody Allen nous replace au cœur d’un de ses thèmes favoris : les mystères de l’amour. Une fin sans surprise donc. Avec coup de foudre, mais sans coup de théâtre à la clé.
- © Mars Films
Magic in the Moonlight est bien construit, même si les ficelles sont un peu grosses et la fin tout à fait prévisible. Comme dans ses autres films, le cinéaste n’hésite pas à mettre en scène de longs dialogues bien ciselés, alliant harmonieusement humour et sentiment. On songe ici à Sacha Guitry et Henri Bernstein, deux maitres spirituels du théâtre des Années folles. L’atmosphère qui se dégage du film n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Mélo d’Alain Resnais (1986), d’après la pièce de Bernstein (1929).
Le réalisateur a pris un soin tout particulier dans l’élaboration des décors et costumes, en faisant appel, autant qu’il l’a pu, à des originaux. Et le film bénéficie d’une lumière et d’une photographie fabuleuses. La même perfection se retrouve dans une direction d’acteurs tous impeccables. Les personnages existent – même s’ils ne sont pas d’une grande consistance psychologique.
Sans égaler les grandes comédies romantiques de Billy Wilder, Magic in the Moonlight est une charmante fantaisie. Nous attendons toutefois le Woody 2015 en espérant retrouver le cru de 2013 – et le parfum de Blue Jasmine.
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