Le 13 juin 2010
- Acteur : Madonna
– Durée : 2h00mn
Moins spectaculaire et moins charismatique que son Confession tour, le Stick & Sweet Tour, dernière tournée en date de Madonna, n’en demeure pas moins une implacable machine de guerre, puissante et divertissante, à faire pâlir n’importe quelle vedette du showbiz.
Moins spectaculaire et moins charismatique que son Confession tour, le Stick & Sweet Tour, dernière tournée en date de Madonna, n’en demeure pas moins une implacable machine de guerre, puissante et divertissante, à faire pâlir n’importe quelle vedette du showbiz.
Notre avis : Année chargée pour Madonna en 2008. Un album Hard candy qui a déçu de nombreux fans de par sa tonalité urban. Deux singles dont un duo avec Justin qui l’a propulsé en tête des hits parades. Un premier long métrage de cinéma (Obscénités et vertu) en tant que réalisatrice, dévoilé à Berlin, qui sortira dans nos salles en septembre. Un documentaire caritatif qui lui a permis de monter les marches de Cannes. Des rumeurs sur un conflit qui l’opposerait à Warner, un divorce avec Guy Ritchie et l’adoption d’un second enfant. Des clichés improbables dans la presse à scandales montrant une madone épuisée et défigurée par la chirurgie esthétique. La biographie de son frérot dévoilant une image froide et très workaholic de Madonna, qui désormais ne vivrait plus que pour son travail, sa petite famille et la Kabbale (sortie de l’ouvrage prévue en septembre dans nos librairies). Et maintenant une tournée !
La chanteuse - 50 ans depuis le 16 août - vient de lancer son quatrième tour en 8 ans. Un fait exceptionnel révélateur de son énergie et de la fidélité de ses fans. Peu de vedettes peuvent y prétendre. C’est à Cardiff devant un stade plein de 40.000 fans allumés que son Sweet & Stick tour est sorti de son emballage tout collant. Un exercice forcément périlleux pour la star qui devait vaincre le trac inhérent à ce genre de première et donner le meilleur d’elle-même afin de prévenir les attaques de ses détracteurs sur son âge. A ce niveau, force est d’admettre qu’elle n’a rien perdu de sa vitalité et de son dynamisme. Gracieuse et omniprésente, bougeant mieux que dans les années 80 ou 90, Madonna affiche une forme olympique, un corps et un visage radieux, contredisant les papiers les plus sinistres sur ses supposés affaissements corporels. Reine jusqu’au bout (elle apparaît sur un trône !), la méga star de 25 ans de carrière rayonne.
Mais ne rentre-t-elle pas dans une routine du spectaculaire en offrant à ses fans ni plus ni moins qu’une copie de ses derniers shows, avec les mêmes qualités et les mêmes défauts ? Une impression qui doit beaucoup à son omniprésence scénique durant toute la décennie et à un choix de tubes convenu. Rien dans ce spectacle froid et impersonnel, pourtant providentiellement divertissant et entraînant, n’épate et étonne. Madonna explore ses succès et les titres de son dernier album (9 sur 11) à l’aide de remixes attrayants, et tire sur toutes les ficelles qui ont rendu ses spectacles si excitants : une introduction spectaculaire impeccable, des écrans vidéos omniprésents diffusant des images splendides (y compris des animations de son pote Keith Haring), des chorégraphies épatantes, un mélange d’influences musicales (rock, techno, gitan...), des enchaînements implacables, des interludes spectaculaires (ah sa critique de la société de consommation !!!), des tenues de scènes conçues par les plus grands couturiers du moment (elles comptent ici parmi les plus belles qu’elle ait jamais portées, merci à Givenchy et Yves St Laurent ou encore Stella McCartney !). Tout est réuni pour rendre ses fans heureux, sauf peut-être l’originalité et l’âme.
S’adressant très rarement à son public si ce n’est pour offrir des répliques qu’elle récitera, on l’imagine, au mot près de pays en pays, la chanteuse se donne pourtant à fond, ne rabaissant jamais son œuvre et ses exigences qualitatives, sans pour autant égaler l’impressionnant Confession Tour, qui, pour mémoire redéfinissait les canons du live. Alors, une baisse de régime ? Pas vraiment. Madonna, en bonne marchande, nous en donne pour notre argent, sans fausse modestie ou prétention déplacée. En à peine trois mois de préparation, elle se présente sur scène comme la grande prêtresse d’un cérémonial musical forcément hors de l’ordinaire qui participe à l’édifice d’un mythe que beaucoup ont tenté de détruire, oubliant - journalistes ou people - leur propre mortalité. Ils ont fait un tour et puis s’en sont allés ; elle en est à fait huit et est toujours là. La grande classe.
Revue titre par titre
Gare aux spoilers !
Candy Shop :
La version promo tour de l’Olympia, introduite par une vidéo et des écrans tout simplement effarants !
Beat goes on :
Une mise en scène plaisante, mais l’absence de mix percutant empêche le titre de devenir l’hymne dance auquel l’album Hard candy aspirait.
Human nature :
Une version rock revisitée par Madonna guitare électrique à la main, avec sur les écrans, Britney Spears, claustro et fofolle, prisonnière d’un ascenseur en folie. Efficace.
Vogue :
Totalement remixé, le tube devient SM et s’apprécie à sa juste valeur une fois l’effet de surprise digéré. Encore une fois les écrans vidéo sont d’un esthétisme troublant.
Into the groove :
Hommage gentillet à la scène new-yorkaise pop underground du milieu des années 80. Le mix manque de punch et la chorégraphie s’emballe peu. On passe.
Heartbeat :
Madonna revient à la vie au rythme des battements de cœur de ce titre relativement prenant. Un bon moment au final tonitruant.
Borderline :
Une chanson rare des années 80, revue façon guitare électrique. Un gros bordel au goût de nostalgie. Pour ceux qui aiment le rock, difficile de faire la fine bouche.
She’s not me :
Un clin d’œil correct à différents styles passés de la madone qui s’achève par une Madonna en furie qui rejoue la chorégraphie déchaînée de Sorry.
Music :
Version promo tour en plus puissant. D’une indéniable efficacité. Merci au DJ néerlandais Fedde Le Grand pour le remix.
Here comes the rain again / Rain :
Un interlude instrumental d’une grande sensibilité qui rend un hommage visuel (sûrement involontaire) à l’animation française de science fiction des années 70 (notamment de René Laloux).
Devil wouldn’t recognize you :
L’un des meilleurs titres de son dernier album. Egalement l’un des points forts du concert, insufflant sensibilité et noirceur au spectacle.
Spanish lesson :
L’un des pires titres de la carrière de l’artiste, mis en scène de manière gothique, à la façon d’un film d’épouvante asiatique. Des silhouettes d’ecclésiastiques défilent devant les images d’une figure spectrale aux longs cheveux. Au final, le show gagne en ambiance ce qu’il perd en qualité musicale. Curieux.
Miles away :
Le nouveau single. Madonna à la guitare sèche soulève une nuée de bras dans le stade avec cette ballade rythmée.
la isla Bonita / Bella Bella :
Un délire à la Kusturica qui prendra moult fans au dépourvu. Ni rock, ni techno, ni RnB, juste gitanesque ! Enjouée et emballant.
You must love :
Madonna en quête d’amour ? La chanson la plus molle du concert. N’avait-elle pas meilleur slow dans son répertoire ? Le doute s’installe.
4 minutes :
Un jeu d’écrans standard, entre le vidéo clip et la version promo. Efficace faute d’être surprenant.
Like a prayer :
La chanson a été transformée en hymne trance et se mélange au morceau de Felix, Don’t you want me de manière démente. Impossible de rester statique face à une telle débauche de sons conçus pour le dancefloor.
Ray of light et Hung up :
Des versions rock que la star a déjà interprétées à l’identique précédemment. On se prend tout de même une fois de plus à ce jeu de guitare très bruyant.
Give it to me
Madonna clôt son show avec une version techno nettement supérieure au mix médiocre de l’album. Sur un fond d’écran très jeu vidéo des années 80, elle tire sur les mêmes ficelles que celles de ses dernières tournées, l’aspect spectaculaire en moins. Puissant, cependant.
Le Sticky & Sweet Tour passera à Nice le 26 août et à Paris les 20 et 21 septembre 2008.
Galerie Photos
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