Le 28 août 2006
Pour le premier concert parisien de son Confessions tour Madonna a embrasé la capitale en offrant à ses fans un spectacle fascinant et monumental.
Pour le premier concert parisien de son Confessions tour Madonna a embrasé la capitale en offrant à ses fans un spectacle fascinant et monumental bien que naïf dans ses déclarations humanistes.
Evitons de nous étendre sur le prix exorbitant des places de cette tournée, sur la rapidité à laquelle tous les tickets se sont vendus et sur les chiffres impressionnants accompagnant la logistique du Confessions tour. Tout a déjà été dit à ce sujet et le dernier show de Madonna mérite sûrement bien plus d’égards.
Monumental dans ses décors constitués d’écrans vidéo gigantesques (dont un circulaire), d’une énorme cage empruntée au vidéo-clip de Sorry, d’une croix surdimensionnées où la madone se retrouve crucifiée, d’une scène qui s’étend de part et d’autre de la salle grâce à une longue allée centrale et à deux promontoires, le concert est formellement épatant ! Beau dans ses représentations picturales (mention spéciale au spectacle équestre surréaliste ouvrant les festivités sur les écrans), musicalement tonitruant avec sa musique électronique pétaradante qui nous en met plein les sens (les versions remixes de Music et de Hung up sont particulièrement percutantes), il laisse peu de place à l’ennui en proposant une débauche d’effets réussis, même si certains titres du tracklisting ne sont pas très opportuns. Mais que font ici les fades Like it or not et Substitute for love alors que le répertoire de la dame est si riche en tubes efficaces ?
Pas de doute, la star s’est mise le public de fans (principalement des post-adolescents et des trentenaires venus des quatre coins du globe) dans la poche, s’offrant à la vue de chacun grâce à l’étonnante composition des lieux qu’elle s’est une fois de plus appropriés avec dextérité. Madonna est de tout plan, même pendant les interludes durant lesquelles elle s’absente pour changer de tenues (Jean-Paul Gautier, s’il vous plaît !), s’employant à justifier chaque mètre de la scène ! Accompagnée d’une joyeuse troupe de danseurs frôlant la démence corporelle (ils voltigent dans les airs, gravissent des mini-buildings à mains nues et déambulent en roller), elle brille par son charisme, certes robotique et chiche en émotions franches (une superwoman ne bavasse pas avec le public, elle le snobe gentiment pour bien lui montrer qui est la reine), mais définitivement plus rayonnante que lors de ses deux précédentes tournées. Alors qu’elle vient d’avoir quarante-huit ans le 16 août dernier, elle affiche une fraîcheur physique incroyable et une forme irréelle qui l’habite à chacune de ses gracieuses chorégraphies, irradiant la salle en direct avec le même punch que dans ses vidéos mais sans les coupes du montage ! Et quand le play back s’installe (sa voix est étrangement synthétique sur Sorry), probablement pour que la star puisse reprendre son souffle entre deux pas de danse ou pour camoufler ses limites vocales, il n’enlève rien à son excellente performance, qui l’impose une fois de plus en une entertainer physique et émotionnelle unique. Le public est en transe.
En revanche, les leçons de morale assénées dans la première partie du concert sont parfois gênantes. Si Madonna a rangé dans le placard toutes les références accablantes à la kabbale, la gentille petite milliardaire nous ouvre les yeux sur l’amour universel, la faim et le sida en Afrique. Elle tient des propos éculés, accompagnés d’images d’enfants qui meurent de faim et de personnalités politiques controversées (Bush, Blair...), qui deviennent irritants quand on se met à y réfléchir de plus près. Mais que faisait donc la Ciccone dans les années 90 pendant que la guerre, la misère et la famine embrasaient le tiers-monde ? Humainement et artistiquement, cette prise de position tardive laisse dubitatif quant à la crédibilité de l’artiste sur ces thèmes. De même, que dire de la pseudo-crucifixion, qui a fait couler tant d’encre, si ce n’est qu’effectivement, même si l’interprétation mystique de son titre Live to tell est artistiquement solide, elle ne se justifie que par le goût inné et suranné de l’artiste pour la provocation. En s’attaquant à la chrétienté, l’icône iconoclaste enfonce une porte ouverte alors qu’elle passe sous silence le problème du fanatisme islamiste que l’on imagine aujourd’hui davantage insulter sa fougue féministe. Mais il est des combats bien trop courageux pour une artiste comme Madonna qui ferait mieux de se contenter de divertir plutôt que de disserter sur les horreurs et les injustices de notre monde.>br>
Evidemment, cela n’enlève rien au succès artistique de cette tournée 2006, probablement le tour le plus spectaculaire de sa longue carrière, qui triomphera, on l’imagine, similairement les 28, 30 et 31 août à Bercy, avant que la madone ne s’envole vers d’autres cieux. God bless the Queen !
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