Extra lucide
Le 24 juin 2014
On retrouve l’esprit du feuilleton populaire et un vrai sens de la mise en scène dans cette bande tronquée qui annonce les chefs d’oeuvres à venir de Stiller.
- Réalisateur : Mauritz Stiller
- Acteurs : Albin Lavén, Karin Molander, William Larsson, Ragna Wettergreen, Nicolay Johannsen, Märta Halldén , Doris Nelson, John Ekman
- Genre : Drame
- Nationalité : Suédois
- Durée : 1h08mn (version 2007: 50mn)
- Plus d'informations : http://www.sfi.se/sv/svensk-filmdat...
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– Production : AB Svenska Biografteatern
– Tournage : mai 1915
– Première suédoise : 2 août 1915
– Première de la version restaurée de 50 mn : 3 avril 2007
– Autres titres : Sibyllans spådom - Le fils du destin - Des Geschickes Sohn - Kohtalon poika - Skæbnens søn - Spaadom - The Son of Fate - Ödets son
On retrouve l’esprit du feuilleton populaire et un vrai sens de la mise en scène dans cette bande tronquée qui annonce les chefs d’oeuvres à venir de Stiller.
L’argument : La bohémienne Ayla, chassée par son père, est recueillie avec son nouveau né par la comtesse Julie.
Lorsque le bébé de celle-ci meurt, Ayla lui confie son fils et s’en va, ne gardant que le médaillon que lui a donné Julie.
Trente cinq ans plus tard, à la mort de la comtesse, Robert, qui est devenu un homme politique en vue, lit la lettre dans laquelle celle-ci lui révèle sa véritable identité. Un domestique épie la scène et découvre le secret qu’il révèle au baron Volmar, l’ennemi juré de la famille.
Volmar ne sait pas encore que la bohémienne dont Robert est le fils, n’est autre que la célèbre Madame de Thèbes, voyante extra lucide qu’il consulte régulièrement.
Au cours d’une promenade, Louise, la fille de Volmar est attaquée par un vagabond que Robert, qui passe en voiture, met en fuite...
Notre avis : Avant de réaliser, du Trésor d’Arne à Gösta Berlings saga, une série de chefs-d’oeuvre qui contribuèrent, avec ceux de Sjöström, au rayonnement international du cinéma suédois, Mauritz Stiller s’était fait la main en tournant de nombreuses bandes aux ambitions plus modestes dont la plupart sont malheureusement perdues.
- Madame de Thèbes (1915) M. Stiller
Comme Vingarna, tourné l’année suivante, Madame de Thèbes n’a survécu d’ailleurs que sous une forme lacunaire, un tiers environ du métrage ayant disparu. Des résumés écrits et quelques photos remplacent ces parties manquantes dans la version restaurée en 2007 par la Cinémathèque suédoise.
Le scénario ainsi reconstitué s’appuie sur des motifs éprouvés du feuilleton populaire dix-neuvième siècle, en bousculant, au moyen de coïncidences improbables et de coups de théâtre, les règles d’un ordre social rigide et compartimenté. L’échange de bébés permet ainsi au fils de la bohémienne de devenir député mais la révélation de l’identité de sa mère ne peut que compromettre la position ainsi acquise.
- Madame de Thèbes (1915) M. Stiller
- Madame de Thèbes (1915) M. Stiller
Le film exploite cette dimension de critique sociale, par exemple en donnant le rôle le plus négatif, celui d’un intrigant sans scrupule, au baron Volmar, parlementaire et représentant par excellence de l’ordre établi, et en exaltant la noblesse et la grandeur d’âme de la bohémienne devenue voyante réputée (ce qui lui permet certes d’acquérir une position sociale enviable mais sans effacer la tâche de ses origines).
La mise en scène efficace et élégante de Stiller est parfois relativement rudimentaire, proche de l’esprit du cinéma des origines (simple enregistrement de ce qui se passe devant la caméra), mais le plus souvent beaucoup plus articulée, voire sophistiquée : déplacements de caméra pour suivre le mouvement ou découvrir un élément caché ; gros plans comme celui de la main projetée sur un écran dans le cabinet de la voyante équipé de la technologie la plus moderne ; souci de fluidité dans les enchaînements.
Surtout, certaines scènes prennent une réelle ampleur grâce à un sens de la nature qui annonce les amples sagas à venir et un instinct infaillible dans la manière d’installer action et personnages dans un espace vivant ( le valet qui rattrape la bohémienne dans le parc du château ; celle-ci surprenant la comtesse venue noyer son bébé mort dans l’étang ; le vagabond qui surgit du fossé et agresse la jeune fille).
Bref, au-delà de ses côtés un peu frustes et malgré son caractère tronqué cette Madame de Thèbes plus que prometteuse est bien l’oeuvre d’un véritable cinéaste.
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