Diva Liberty
Le 29 juillet 2013
Le premier film interprété par Lyda Borelli, diva par excellence, réalisé par un cinéaste de premier plan, Mario Caserini.
- Réalisateur : Mario Caserini
- Acteurs : Lyda Borelli, Mario Bonnard, Gian Paolo Rosmino, Maria Caserini, Camillo de Riso, Vittorio Rossi Pianelli, Dante Cappelli, Emilio Petacci
- Genre : Mélodrame
- Durée : 1h20mn
- Plus d'informations : http://cinestore.cinetecadibologna....
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Le premier film interprété par Lyda Borelli, diva par excellence, réalisé par un cinéaste de premier plan, Mario Caserini.
L’argument : L’espion Moïse Stahr courtise Elsa, la fille de Julius Holbein, chef de l’état major du Grand-Duché de Wallenstein, et dérobe des documents secrets dans le bureau de ce dernier. Le colonel Holbein se suicide et Elsa, exilée, se réfugie sur la Riviera où, découverte par l’impresario Chaunard, elle devient célèbre comme chanteuse et actrice sous le nom de Diana Cadouleur.
Elle rencontre Maximilien dont elle ignore qu’il est le prince héritier du Grand-Duché en convalescence incognito dans la région après une longue maladie. Les deux jeunes gens s’éprennent l’un de l’autre, elle abandonne le théâtre pour le suivre sur les bords du Lac Majeur.
Au cours d’une promenade en bateau Elsa est reconnue par Stahr qui la courtise à nouveau. Elle le repousse. Pour se venger il envoie une lettre au Grand-Duc pour l’informer de la conduite du prince qui est immédiatement rappelé à la cour.
Mais Maximilien ne tarde pas à repartir pour retrouver Elsa/Diana qui a repris sa carrière théâtrale. Comprenant que la situation est sans issue, la jeune femme absorbe un poison et s’écroule en scène pendant une représentation de Zazà. Elle meurt dans les bras de Maximilien en murmurant : Mais mon amour lui ne meurt pas.
Notre avis : La Duse (Eleonora Duse, 1858 – 1924) s’étant retirée en 1909, Lyda Borelli était sans doute, en 1913, la plus célèbre des actrices en activité sur les scènes italiennes.
- Ma l’amor mio non muore (1913)
Les tableaux de Cesare Tallone et de Giuseppe Amisani, les séries photographiques d’Emilio Sommariva et de Mario Numes, mais aussi d’innombrables affiches, cartes postales ou caricatures avaient popularisé les poses expressives qui feront d’elle, en cinq ans et quatorze films (Rapsodia satanica, Malombra, Carnavalesca, ...) la représentante par excellence du Divisme.
Ma l’amore mio non muore, produit par la Film Artistica Gloria, est le premier de la série. Le succès phénoménal qu’il rencontra en fit la matrice d’un genre qui se développa au point d’éclipser rétrospectivement le reste de la proliférante production de ce premier âge d’or du cinéma italien qui prend fin au début des années 1920.
La seconde partie du film, où l’héroïne est devenue une actrice célèbre, offre à la Borelli l’occasion d’apparaître dans plusieurs des rôles (Salomé, Zazà) qui ont fondé sa renommée théâtrale et la mise en scène de Mario Caserini installe pour elle un espace propice au déploiement d’un art souvent proche de la danse, ne reculant pas devant une hyper-expressivité inspirée, comme chez d’autres interprètes de l’époque, par les travaux de Charcot sur l’hystérie, mais sachant aussi faire preuve d’une étonnante sobriété.
- Lyda Borelli en Salomé - photo de Mario Numes
Car ce qui frappe à la vision de la copie admirablement restaurée par la Cineteca di Bologna (et éditée en DVD) c’est à quel point le jeu très stylisé, extrêmement précis mais en constante prise de risque de la Borelli échappe à la gesticulation intempestive à laquelle une tradition critique peu clairvoyante (et basée sur la vision d’extraits trop courts et peu représentatifs) a parfois réduit le phénomène de la diva. Ses partenaires restent le plus souvent sur la réserve, à l’exception de Mario Bonnard, parfois à la limite de la grandiloquence dans le rôle du prince, et de Gianpaolo Rosmino dont l’interprétation hallucinée (son désarroi au moment du vol) fait de l’espion Moïse Stahr un personnage complexe et insaisissable.
- Ma l’amor mio non muore (1913)
S’appuyant sur la splendide photo d’Angelo Scalenghe la mise en scène de Mario Caserini (1874 - 1920) privilégie les plans larges, généralement fixes, et utilise la profondeur de champ pour permettre aux acteurs de prendre possession de l’espace. C’est particulièrement impressionnant dans la longue séquence du début qui débouche sur le vol des documents secrets et au cours de laquelle les personnages ne cessent de se déplacer du salon (premier plan) à la salle à manger (au fond à gauche) ou au bureau faiblement éclairé (au fond à droite).
Cette théâtralité voulue installe une véritable tension qu’entretiennent les quelques plans de coupe (les officiers penchés sur les précieux papiers éclairés seulement par la lampe de bureau ; le vol proprement dit).
Le sens du cadre et de la composition dramatique est souvent stupéfiant (le tapis blanc qui coupe l’image en deux dans le hall de l’hôtel lorsque l’héroïne, d’abord en amorce et regard-caméra à gauche, croise le regard du prince quittant la réception à droite) mais Caserini utilise aussi le lent panoramique (par exemple pour accompagner le désarroi de l’exilée avançant sur le bord de la route après le passage de la frontière), le plan rapproché (Elsa écrivant sa lettre sur le quai de la gare, juste au bord de la voie qui s’éloigne en perspective sur la droite, le spectateur attendant l’irruption, au fond de l’image, d’un train qui finalement n’arrivera pas), les effets de miroirs (en particulier dans la loge au théâtre) et de cadre dans le cadre (le prince de dos assistant de sa loge à la représentation) et sait accueillir l’imprévu (le vent qui agite la robe de l’actrice sortant par une porte en fond de scène).
- Ma l’amor mio non muore (1913)
C’est donc aussi la redécouverte d’un véritable cinéaste (auteur également, entre autres, d’une superbe version des Derniers jours de Pompeï réalisée la même année) que permet l’exemplaire restauration et la diffusion en DVD de cet admirable mélodrame désormais centenaire mais définitivement moderne.
- Ma l’amor mio non muore (1913)
- Lyda Borelli - photo d’Emilio Sommariva
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