Le 29 avril 2019
Delphine Grandsart reprend du service avec son personnage mythique de Montmartre, muse de nombreux artistes et égérie de Toulouse-Lautrec.
Entrez dans le monde de Louise Weber, la reine du Cancan au cœur des Années folles !
- Acteur : Delphine Grandsart
- Genre : Spectacle musical / Comédie musicale
- Salle de Théâtre : Théâtre Essaïon
- Plus d'informations : https://essaion-theatre.com/spectac...
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Le compte à rebours de La Goulue démarre.
On découvre une femme âgée et malade. C’est elle, la reine du cancan qui brade "sa vieille carcasse à Saint-Ouen", les puces comme dernier nid de reconnaissance. Avinée à souhait, elle se remémore Aristide Bruant et les nombreux hommes qui ont émaillé sa vie de danseuse. La voix de l’artiste, qui apporta sa notoriété internationale au French cancan, rajeunit au fil du spectacle, sous les cordes vocales de la talentueuse Delphine Grandsart. Elle se rappelle le parfum de sa mère… "L’odeur est le pire des souvenirs", dit-elle. Et des souvenirs, elle en a à la pelle : la perte de son fils Simon, ses amants, ses beuveries, sa vie en bataille - avec comme seule arme une paire de jupon, afin d’édulcorer un quotidien qui ne pouvait qu’utiliser ses charmes, pour sortir de sa gravité. Elle repense à son petit peintre au grand talent : Toulouse-Lautrec, l’homme qui la dessina le plus et révéla cette immense dame des premiers music-halls en France, qui composait elle-même ses chansons.
De nombreux airs rythment la vie de cette femme, que Delphine Grandsart interprète à larmes perdues dans un jeu généreux, sans fioritures, sincère, unique et honnête, accompagnée par l’accordéon compatissant et enjoué de Matthieu Michard.
Photo : Ludivine Grandsart
Louise Weber porta le pantalon (interdit, durant cette période, pour le "sexe faible"), elle dompta des lions à défaut de dompter son mari que l’on nommait "Monsieur Goulue", en bon prestidigitateur raté. Alors que l’époque valide la parfaite inégalité homme/femme, La Goulue boit son dernier canon au Moulin Rouge et tire sa révérence. La reine et coqueluche du tout-Paris qui s’encanaille, s’installe à son compte, et monte un cirque. Féministe de la première heure, elle avorte à l’artisanale et en vraie indépendante elle fait ce qui lui chante, quand bon lui semble, et se promène en ville, un énorme bouc au bout d’une laisse ! Elle n’avait aucun complexe, aucune retenue, juste la force d’aller plus loin et de jouir d’une parole libre, non soumise, cherchant à s’extirper de sa condition de blanchisseuse, dans un monde qu’elle trouvait trop propre, trop lisse, la provocation en guise de grand lessivage des esprits hypocrites.
- Photo : Ludivine Grandsart
INTERVIEW
Nous avons échangé avec Delphine Grandsart autour de la conception de la pièce et son approche en tant qu’artiste pour interpréter ce personnage haut en couleurs … et en douleurs.
Ne malmenez-vous pas vos cordes vocales en débutant ce spectacle - que vous jouez sans micro - par la voix éraillée de la Goulue au seuil de sa mort ?
Interpréter ce personnage est pour moi un ascenseur émotionnel, le rôle n’est pas facile, je me devais d’être sincère. Ce métier de comédienne m’a sauvé la vie et je l’ai fait un peu par hasard. Quand je joue, les choses viennent naturellement, tout part du corps et finalement la voix n’est qu’une continuation du corps ! Un phénomène étrange se passe, quelque chose se place librement dans mon corps et dans ma voix. Alors non ! Je n’en souffre pas !
Comment avez-vous abordé ce rôle difficile ?
Actrice n’est pas mon seul métier : j’ai une friperie et un restaurant. J’ai besoin d’être dans "la vraie vie". Je fais également du bénévolat et cela me nourrit beaucoup, car je travaille avec des migrants et j’apprends plus qu’aux côtés de certaines artistes, cela m’aide énormément pour mes rôles !
Mon métier d’actrice m’a sauvé la vie. Je suis tombée dedans par hasard, quand j’avais 17 ans, après que mon partenaire m’a suggéré de faire le Conservatoire de région.
Comment vous est venue l’idée de ce spectacle ?
Tout est parti de Delphine Gustau qui a travaillé dessus pendant deux ans, en s’appuyant sur des anecdotes réelles, en rapport avec la vie de Louise Weber. Nous voulions une histoire au cœur de l’humain. C’est d’ailleurs une thématique qui résonne toujours aujourd’hui : l’avortement, les femmes battues, le sexe, la drogue…
Ensuite, Delphine et moi-même avons fait des recherches, mis nos idées en commun et travaillé seule notre mise en scène. J’ai découvert énormément de choses sur la Goulue, et notamment au travers de photos et peintures. Ainsi, j’ai pu dessiner une personnalité avec mon imaginaire…
Dans la vie comme sur les planches, Delphine Grandsart aime échanger. Malgré une mise en scène simple et la dureté de certains passages, la comédienne sait aussi apporter légèreté, drôlerie et joue fort bien avec son public comme le faisait la Goulue… Attention, fous rires garantis !
Louise Weber dite La Goulue se tient jusqu’à fin juin 2019 à Paris et le spectacle prendra ensuite la direction du Festival d’Avignon du 05 au 28 juillet 2019.
A noter
Delphine Grandsart a reçu le prix de la meilleure interprète féminine 2018, décerné par Les Trophées de la comédie musicale.
A lire
La Goulue , Reine du Moulin Rouge, par Maryline Martin, aux Éditions du Roche,r à l’occasion des 90 ans de la disparition de l’artiste et des 130 ans du Moulin Rouge.
A écouter
Sur France Musique : l’émission 42ème rue, avec Delphine Grandsart.
Louise Weber dite "La Goulue", par Delphine Grandsart, au Théâtre Essaïon, 6, rue Pierre-au-Lard jusqu’au 25 juin 2019.
Auteur : Delphine Gustau
Mise en scène : Delphine Grandsart et Delphine Gustau
Distribution : Delphine Grandsart, chant et voix, avec Matthieu Michard à l’accordéon
Galerie Photos
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