Ailefroide : Altitude 3 954 - La chronique BD

Nous sommes à la fin des années 60 à Grenoble, Jean-Marc est un gamin qui passe son temps dans les musées à observer les peintures, il a d’ailleurs un don certain pour le dessin. Il découvre par hasard un jour la montagne, la grande, la blanche, l’escarpée et il se promet de l’escalader un jour. Avec son ami Philippe Sempé il va débuter son initiation, il faut apprendre et comprendre les baudriers, les mousquetons, le nœud de Prusik et ensuite c’est le début de l’aventure, les premières parois.

Avec l’exaltation pure qui tape aux tempes, quand on bivouaque suspendu sous le ciel criblé d’étoiles, où qu’à seize ans à peine on se lance dans des grandes voies. La Dibona, le pilier Frendo, le Coup de Sabre, la Pierre Alain à la Meije, la Rébuffat au Pavé : le Massif des Écrins tout entier offert comme une terre d’aventure, un royaume sans frontière mais où la mort rôde et prend parfois ces quartiers.

Jean-Marc Rochette avec son compère Olivier Bocquet nous livre une partition personnelle, une autobiographie où l’intime s’entrechoque avec les grands espaces, où le désir de liberté s’inscrit comme une évidence, un Graal à atteindre. On découvre donc que l’auteur du chef-d’œuvre Transperceneige avait donc cette passion, ce lien physique et moral avec la montagne, que ces premiers rêves s’établissaient dans le grand froid des sommets alpins et pas tout à fait encore sur les planches à dessiner.

Ce livre lui permet sans doute de lier ces deux amours et d’ailleurs cela apparaît comme une évidence. La bande dessinée est ce lieu où les artistes créent des mondes sans limite et la montagne est ce lieu sans limite qui fait de certains hommes ce qu’ils sont. Une BD dure comme une paroi rocheuse, passionnante comme une étendue de neige, envoûtante comme l’est la montagne.