London Boulevard - la critique

London Boulevard démontre que le passage du scénario à la réalisation n’est jamais une évidence.

L’argument : Mitchel sort de prison plein de bonnes intentions. Pourtant, lorsqu’il tombe sur son vieil ami Billy, un petit voyou à la recherche d’un complice, il accepte de l’aider en échange d’un toit. Incapable de rompre avec son passé, Mitchel fait la connaissance de Charlotte, une star de cinéma terrée dans un luxueux hôtel particulier pour échapper aux hordes de paparazzi, dont il devient rapidement le garde personnel.
Charlotte et Mitchel se rapprochent, envisageant même ensemble une nouvelle vie à Los Angeles. Mais il a déjà attiré l’attention de Gant, un puissant parrain de la pègre, qui voit en lui un atout précieux pour ses affaires. Quand Mitchel refuse, Gant décide de le faire plier, ne reculant devant rien pour arriver à ses fins...

Notre avis : Scénariste pour Ridley Scott (Kingdom of Heaven, Mensonges d’Etat) mais aussi pour Scorsese (Les Infiltrés, pour lequel il reçut d’ailleurs l’Oscar du meilleur scenario en 2007), William Monahan passe pour la première fois derrière la caméra avec London Boulevard. Avec ce premier film, on ne criera pas au génie, pas plus que l’on parlera de coup de maître. Mais la question n’est pas tant de savoir si William Monahan se révèle comme un cinéaste à suivre (laissons lui le bénéficie du doute après tout) mais plutôt de savoir ce que nous réserve London Boulevard. A vrai dire pas grand-chose. Et c’est bien là le principal reproche qu’on peut lui faire.

London Boulevard porte d’abord la marque du « film de scénariste ». Comprendre que la mise en scène se met totalement au service de ce dernier sans parvenir à s’en démarquer. Quasiment inexistante, celle-ci se résume à illustrer soigneusement les lignes du script, lequel se fait dès lors bien trop présent à l’écran. Pour ne rien arranger, le scénario, hélas pas très bon, ne cesse de multiplier les références. Des références, trop présentes et trop lourdes à porter, que London Boulevard ne parvient jamais à faire oublier. Avec cette histoire d’un ancien détenu rattrapé par son passé, on pense évidemment à L’Impasse de Brian De Palma. Et sa relation avec l’actrice cloîtrée dans sa maison renvoie également à Boulevard du crépuscule de Billy Wilder (le titre du film en est d’ailleurs un hommage). Si le mélange des genres s’avère intéressant, avec d’un côté, le film de gangsters et de l’autre, le film romantique, aucune des deux parties ne convainc totalement, et surtout, Monahan peine à rendre l’ensemble cohérent (et cela s’étend à l’ensemble du film jusqu’à son final, attendu, et trop facile). On l’a dit, la faute en revient en grande partie à l’absence de mise en scène mais aussi à son scénario, qui fait la part belle à des personnages globalement stéréotypés (excepté celui interprété par David Thewlis), avec une mention spéciale au parrain de la pègre interprété par Ray Winstone. Pourtant, la belle distribution se montre irréprochable - Colin Farrell, très bon comme d’habitude, tandis que Keira Knightley confirme tout le bien que l’on pense de l’actrice depuis plusieurs rôles - mais elle ne suffit pas à sauver ce film pour le moins anecdotique.