Ne pars pas sans moi
Le 8 avril 2019
Avec la sensibilité que nous lui connaissons, Naoko Yamada dresse la chronique d’une amitié passionnée, ambiguë et douloureuse entre deux jeunes musiciennes, dans une mise en scène épurée aux douces teintes bleutées.
- Réalisateur : Naoko Yamada
- Genre : Animation
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 1h30mn
- Titre original : Rizu to Aoi tori
- Date de sortie : 17 avril 2019
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Résumé : Une émouvante et délicate histoire d’amitié entre deux lycéennes, Nozomi et Mizore, toutes deux musiciennes, aussi proches que différentes... Nozomi est une jeune femme extravertie et très populaire auprès de ses camarades de classe, doublée d’une talentueuse flûtiste. Mizore, plus discrète et timide, joue du hautbois. Mizore se sent très proche et dépendante de Nozomi, qu’elle affectionne et admire. Elle craint que la fin de leur dernière année de lycée soit aussi la fin de leur histoire, entre rivalité musicale et admiration. Les deux amies se préparent à jouer en duo pour la compétition musicale du lycée Kita Uji. Quand leur orchestre commence à travailler sur les musiques de Liz und ein Blauer Vogel (Liz et l’Oiseau Bleu), Nozomi et Mizore croient voir dans cette œuvre bucolique le reflet de leur histoire d’adolescentes. La réalité rejoindra-t-elle le conte ?
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Notre avis : Découverte en France par le grand public en 2018 à la sortie de son premier long-métrage, Silent Voice, Naoko Yamada s’est rapidement imposée comme l’une des réalisatrices de films d’animation les plus talentueuses et prometteuses de sa génération. Sa capacité à observer les mœurs, à saisir la complexité psychologique des rapports humains (adolescents en particulier) et sa mise en scène innovante lui ont valu d’acquérir rapidement une renommée internationale.
Son talent et sa patte d’auteure ne se démentent pas : Liz et l’oiseau bleu prolonge des thématiques déjà explorées dans Silent Voice : l’adolescence, la crainte du regard des autres, la séparation.
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La dramaturgie de ce second film repose, en premier lieu, sur l’amitié sincère et cependant ambiguë de Nozomi et Mizore, qui semblent deux pôles contraires mais nécessairement liées l’une à l’autre comme les faces d’une pièce de monnaie. Solitaire et introvertie, souvent isolée dans le cadre, Mizore ne se voit qu’au travers du regard et de l’existence de sa pétillante amie. Une heure et demie durant, filmée avec douceur et bienveillance par la cinéaste, les timides paroles qu’elle lui envoie résonnent comme un cri de détresse. Où iras-tu l’année prochaine ? Seras-tu avec moi ? Te reverrai-je ? Autant de question que se pose Mizore. Des questions qui se répètent tout au long du récit, et que traduit la mise en scène de Yamada. Certains trouveront ce dispositif répétitif. Or, il est totalement justifié et assumé.
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Il y a aussi l’œuvre musicale qui donne son titre au film : « Liz et l’oiseau bleu » raconte l’histoire d’une jeune femme solitaire qui recueille un oiseau blessé. Oiseau qui se transforme bientôt en femme. Lorsque ce même oiseau retrouve un jour la capacité de voler, Liz craint de se retrouver seule de nouveau. Ainsi ce conte est-il la parabole de la séparation des deux héroïnes. Mêlant l’animation japonaise traditionnelle à d’autres techniques, c’est à l’aquarelle et sur fond blanc que Yamada dessine l’envol de l’oiseau bleu, séparant visuellement deux récits qui se font écho et se rencontrent. Quand la gravité croise le poétique.
« L’enfer, c’est les autres », disait Sartre. Une maxime que Mizore expérimente à ses dépens. En effet, la jeune femme est en enfer car elle se rend dépendante du regard de Nozomi. Il lui faut pourtant apprendre à s’en défaire. C’est cet apprentissage que choisit de nous raconter Naoko Yamada, toujours avec tendresse et empathie.
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