Le 17 octobre 2014
Un chef-d’œuvre du film noir, dont chaque vision ravit davantage. On ne sait qu’admirer le plus : les acteurs, la mise en scène, la construction, la photographie ou le scénario.
- Réalisateur : Robert Siodmak
- Acteurs : Burt Lancaster, Ava Gardner, Edmond O’Brien
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h43 mn
- Date de sortie : 3 avril 1947
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Sortie blu-ray : le 8 octobre 2014
Un chef-d’œuvre du film noir, dont chaque vision ravit davantage. On ne sait qu’admirer le plus : les acteurs, la mise en scène, la construction, la photographie ou le scénario.
L’argument :A Brentwood, une petite ville du New Jersey, deux tueurs à gages débarquent dans le seul but d’abattre Pete Lunn, un ancien boxeur. Dans sa chambre d’hôtel, ce dernier attend son heure et est tué froidement de plusieurs balles dans le corps. Lorsque James Reardon est désigné par la compagnie d’assurances pour mener sa propre enquête, le passé et les secrets bien gardés de Pete ressurgissent...
Le film : Le scénario part d’une nouvelle brève d’Hemingway, elliptique et sans climax, bien dans la manière de l’auteur. Don Siegel et Tarkovski s’en sont également inspiré, dans deux réinterprétations magistrales, mais fondamentalement, et c’est heureux, différentes. Quand Siodmak livre son film, Hemingway est très populaire, au point que son nom figure en gros sur l’affiche et au générique. Le réalisateur est au plus haut de sa carrière, après des films tournés en Allemagne et en France. Il retrouvera le genre noir , notamment en 1949 avec l’admirable Criss-cross. Mais Les Tueurs restent un sommet en ce qu’il contribue à créer des archétypes, introduisant le thème de la fatalité dans le policier. Comme dans Assurance sur la mort, tout semble écrit dès le début. L’atmosphère est sombre et le décor, la cité urbaine, deviendra bientôt un cliché.
La construction de l’histoire fascine : à partir d’une exécution, qui dure environ dix minutes et illustre en gros la nouvelle, le récit développe deux enquêtes, l’une dirigée vers le passé (pourquoi le Suédois a-t-il été tué ?) et constituée de flash-back (onze en tout) ; l’autre suit chronologiquement le meurtre et va vers sa résolution. Ce kaléidoscope, qui n’est pas sans rappeler Citizen Kane, permet un jeu avec les personnages qui apparaissent au gré des séquences, en annonce ou en rappel.
Siodmak joue avec la frustration du spectateur : celle de l’intrigue, bien sûr, et son énigme. Mais aussi celle, très classique, qui retarde ce pour quoi les gens sont allés voir le film : les stars. Ainsi Lancaster, la première fois qu’on le voit, est-il masqué, allongé, inerte, comme s’il était déjà mort. Il faut quelques minutes pour que son visage soit à l’écran. Celui d’Ava Gardner ne surgit que lorsqu’elle se retourne, assise près d’un piano, et il faut patienter presque quarante minutes ! Quant à leur baiser, il n’illumine le film qu’après une heure et demie de projection.
De même les deux héros sont-ils au départ des enveloppes vides (plusieurs noms pour le Suédois). Aussi le scénario est-il consacré à compenser ce vide, à donner chair à des êtres insaisissables. A cet égard l’absence d’Ava Gardner à l’écran est d’autant plus forte qu’elle est la grande manipulatrice, la femme fatale qui mène deux hommes à la mort. Ne dit-elle pas : "Je détruis tout autour de moi." ?
On peut s’égarer dans les méandres du scénario, se laisser porter par cette fatalité tragique ("Il n’y a rien à faire", déclare le Suédois), admirer la photographie, le rôle de la musique. Mais fascine aussi la mise en scène, avec ses morceaux de bravoure (le hold-up en plan-séquence), l’inventivité des cadres choisis (cette scène dans laquelle Ava Gardner efface littéralement la gentille fiancée). Quant à la vedette féminine, un dos nu, un regard, une ligne de dialogue nous font chavirer.
Les suppléments :
Les bonus sont les mêmes que ceux du DVD, c’est à dire remarquables. Une bande annonce a été ajoutée.
L’image :
L’âge du film est visible en de rares occasions (quelques griffures, notamment pendant l’agonie d’un bandit). Pour le reste, la copie retravaillée est splendide, les contrastes magnifiques. Dans la profondeur de champ apparaissent des détails qui restaient confus dans les anciens masters.
Le son :
Le son, en mono 1.0 DTS HD Master Audio, restitue avec finesse l’atmosphère, les dialogues et la musique, essentiels pour une œuvre qui s’écoute aussi. Comme souvent, la VF est légèrement en-deçà.
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