Les trois mousquetaires - André Hunebelle - critique

Critique : Les trois mousquetaires inaugure la série de cape et d’épée réalisée par André Hunebelle ; on y découvre les dialogues « littéraires », la diction et le jeu théâtraux, jusqu’au commentaire envahissant et précieux de Claude Dauphin, ces caractéristiques désuètes qui font le charme du film en même temps qu’elles le datent impitoyablement. Georges Marchal, en attendant Jean Marais, a de la prestance, combat vaillamment et une certaine fadeur ne l’empêche pas de bien remplir son rôle héroïque ; mais ce qui frappe surtout, c’est l’opulence de la reconstitution : entre les décors et les costumes, on a l’impression de feuilleter un joli livre d’images, propre et quasiment aseptisé. La vision historique ignore en effet le sale et l’inélégant, loin du réalisme auquel nous sommes habitués. De même le manichéisme est-il sans failles : les méchants sont visiblement méchants, et le monde se divise en deux camps très nets.

© 1953 Production Artistique et Cinématographique (PAC), Pathé Production, Société Générale de Cinématographie (SGC). Tous droits réservés.

Mais ces conventions font partie du charme du film, porté par un ton souriant et un rythme plaisant : rien qui pèse ici, les péripéties s’enchaînent sans qu’on les prenne très au sérieux, entrecoupées de galanteries et de blagues inoffensives. Il faut dire qu’avec Bourvil en pleutre débrouillard et des dialogues signés Audiard (il glisse parfois de subtiles plaisanteries dans des répliques abondantes), les occasions de sourire sont légion, jusqu’à la musique qui peut jouer un rôle de commentaire ironique. Bref, si on y est sensible, on verra cette version des 3 mousquetaires avec une indulgence attendrie, comme un spectacle familial sans faute de goût et représentant d’une époque révolue, malgré le manque d’aspérités et la réalisation anonyme qui gâtent un peu notre plaisir.

Les suppléments :
Trois très courts modules (30 secondes environ) constitués d’archives d’époque et sans grand intérêt.

© 1953 Production Artistique et Cinématographique (PAC), Pathé Production, Société Générale de Cinématographie (SGC). Tous droits réservés.

L’image :
La copie ne peut dissimuler l’âge du film, avec ses fourmillements et ses couleurs légèrement passées dans certains plans. Mais elle a retrouvé grâce à la restauration un éclat et une précision largement satisfaisant.

Le son :
La piste Mono DTS-HD Master audio permet de goûter les dialogues et l’impeccable prononciation des acteurs. Elle sature un peu quand la musique s’emballe.

© Pathé Vidéo