Eurocomédie
Le 12 avril 2023
La suite de L’auberge espagnole : une réussite à tous points de vue.
- Réalisateur : Cédric Klapisch
- Acteurs : Audrey Tautou, Romain Duris, Cécile de France, Pierre Cassignard, Zinedine Soualem, Kelly Reilly, Frédérique Bel, Aïssa Maïga, Kevin Bishop, Nicolas Briançon, Lucy Gordon, Carole Franck
- Genre : Comédie
- Distributeur : Mars Distribution
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 2h05mn
- Date télé : 18 octobre 2024 23:15
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 15 juin 2005
– Suite de L’auberge espagnole
Résumé : Xavier a trente ans. On le retrouve cinq ans après son retour de Barcelone entre Paris, Londres et Saint-Pétersbourg. À travers de multiples aventures amoureuses, il va chercher la femme idéale.
Critique : Les poupées russes se passe cinq ans après L’auberge espagnole, grand film sur la post-adolescence, et épouse comme prévu le point de vue du personnage principal à grand renfort de split screen et d’incrustations numériques. A la fin de l’opus précédent, Xavier refusait les carcans du conformisme et la grisaille monotone du train-train quotidien pour vivre de sa vraie passion et devenir écrivain. Soit. Seulement voilà, quand l’heure du bilan approche, ce sont les rêves qui déchantent. Entre le grand-père pré-grabataire qui demande à voir la copine du petit-fils, la mère qui se trouve un nouveau mec et les soucis de l’ex qui est restée amoureuse, notre protagoniste ne sait plus où donner de la tête et multiplie les conquêtes d’un soir. Histoire de ne pas grandir.
Cela peut paraître passe-partout mais c’est vrai : tout sonne incroyablement juste dans ce film tant il est traversé par un voile de mélancolie subtil, tant les personnages ont fini leurs études et se cherchent désormais une place dans la société, tant il est dur de résister aux tentations qui passent. Klapisch peaufine les peintures de caractères et brosse quelques tranches de vie qui ressemblent étrangement à celles des adulescents que nous sommes. Romain Duris n’incarne pas, il est cet homme immature qui n’aspire qu’à la stabilité. Et à travers lui, tout un chacun s’y retrouve : ses mésaventures renvoient à des choses (pas toujours glorieuses) qu’on a tous déjà vécues.
Donc suite très réussie d’un film de potes ? Oui, assurément, mais qui ne rime pas avec lourd opportunisme et ne cherche pas à cligner ostensiblement de l’œil au spectateur. L’ambition de Klapisch est plus noble, celle de faire du cinéma fédérateur et universel qui donne envie de danser la grande farandole de la vie. Sans chercher à recycler les meilleurs gags du premier, en évoluant en même temps que les personnages (ce qui explique le judicieux choix d’avoir attendu cinq bonnes années pour tourner la suite). Outre le fait que l’ensemble ressoude encore plus fortement le lien entre Klapisch et son Antoine Doinel de Romain Duris, la recette pro-Europe, déjà gagnante dans L’auberge espagnole, est tellement efficace qu’elle pourrait être exploitée ad vitam eternam sans que cela ne pose problème. On prédit sans peine un grand succès au box-office français pour ce film populaire et ancré dans son temps. C’est amplement mérité.
Le DVD
Les suppléments : Une édition collector à la gloire de l’intelligence de Cédric Klapisch ; c’est toujours un bonheur d’écouter ce réalisateur si courtois et pédagogue. Qu’il s’agisse du making of, bordélique immersion dans les coulisses de son film, ou des scènes coupées, excellente leçon de cinéma sur les affres du montage, Klapisch est un exemple de douceur et un puits de connaissance sur le cinéma. Le premier, sans véritable construction, montre souvent les difficultés à filmer dans les lieux publics (gares notamment) ; il montre aussi la tendre complicité qui unit Klapisch et Duris. L’ambiance, excellente sur l’ensemble du tournage, fait oublier les lacunes informatives de ce document. Concernant les scènes coupées (plus d’une heure, commentaires du réalisateur inclus), Studiocanal a eu la bonne idée de les regrouper par thèmes. Même si la plupart d’entre elles se sont pas renversantes, on retiendra l’intimité et les doutes du couple William et Natasha, et une discussion sur les rapports amoureux entre Xavier, Isabelle et Wendy. Toujours avec un souci de partage, il explique de sa voix posée, raconte ses astuces, justifie ses choix, et surtout argumente chaque décision finale. C’est l’école avec tout l’aspect ludique en plus. En somme, pas de supplément plus intéressant qu’un autre, ils sont tous captivants.
Image & son : Le résultat (le film a été tourné avec une caméra HD) est de très bonne facture avec une image assez classe (ah, les plans sur la Seine illuminée) grâce à une fluidité qui sert admirablement le récit. Le son n’est pas en reste avec des pistes qui laissent éclater leur profondeur tant au niveau des dialogues que des musiques d’ambiance.
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berdo 3 janvier 2006
Les poupées russes - Cédric Klapisch - critique
mais comment ne peut-il y avoir aucune réaction sur ce film ???
Et bien je vais laisser la mienne alors : j’ai adorééééé !!!!!
Qui a dit que les suites étaient bidons en général ?... L’un des derniers films avec le vrai Romain Duris (oui, désolé, mais Duris chauve c’est plus trop le même ...) est tout simplement complètement réussi !
L’Auberge Espagnole était un grand film ... Les Poupées Russes est dans la même lignée !
10/10 !
bravo !
Frédéric Mignard 14 janvier 2012
Les poupées russes - Cédric Klapisch - critique
Une suite décevante, sans grand rythme et sans passion qui restera parmi les grandes déceptions artistiques de son cinéaste.
Mykelti BuBba 21 février 2012
Les poupées russes - Cédric Klapisch - critique
"Les poupées russes" est un film qui apparaît à l’image du personnage principal, Xavier : le récit est complètement déstructuré, les flashbacks sont incessants mais à chaque fois pertinents. Le premier tiers du film, à Paris, se révèle le plus drôle, et le plus proche du premier volet dans l’esprit. Mais on constate, tout au long du film, comment le réalisateur a fait évoluer ses personnages. Cécile de France excelle toujours autant dans un rôle de lesbienne caractérielle, manquant un brin d’originalité mais attachante. Wendy évolue profondément et cette évolution est très bien portée par Kelly Reilly. Le métier de Xavier, auteur de feuilletons à l’eau de rose, est utilisé comme fil rouge et comme garde-fou, comme une façon pour le spectateur et le réalisateur de ne pas tomber dans la facile caricature. On pourra néanmoins reprocher un dénouement convenu, et qui expédie les intrigues liées aux seconds rôles, en particulier au détriment du personnage d’Audrey Tautou. Voilà un film plus difficile d’accès, moins insouciant que le premier épisode, mais réussi, dans un registre assez différent.
Mykelti BuBba 16 avril 2012
Les poupées russes - Cédric Klapisch - critique
"Les poupées russes" est un film qui apparaît à l’image du personnage principal, Xavier : le récit est complètement déstructuré, les flashbacks sont incessants mais à chaque fois pertinents. Le premier tiers du film, à Paris, se révèle le plus drôle, et le plus proche du premier volet dans l’esprit. Mais on constate, tout au long du film, comment le réalisateur a fait évoluer ses personnages. Cécile de France excelle toujours autant dans un rôle de lesbienne caractérielle, manquant un brin d’originalité mais attachante. Wendy évolue profondément et cette évolution est très bien portée par Kelly Reilly. Le métier de Xavier, auteur de feuilletons à l’eau de rose, est utilisé comme fil rouge et comme garde-fou, comme une façon pour le spectateur et le réalisateur de ne pas tomber dans la facile caricature. On pourra néanmoins reprocher un dénouement convenu, et qui expédie les intrigues liées aux seconds rôles, en particulier au détriment du personnage d’Audrey Tautou. Voilà un film plus difficile d’accès, moins insouciant que le premier épisode, mais réussi, dans un registre assez différent.