Le 5 juin 2018
Olivier Py, écrivain, dramaturge, dernier directeur en date du festival d’Avignon, adapte et met en scène son livre Les parisiens. Il y déclare son amour pour le théâtre en se moquant du parisianisme culturel, milieu qu’il connaît bien pour en être devenu avec les années, un des souverains pontifes.
- Genre : Théâtre (spectacles)
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Résumé : Un jeune Rastignac fervent de plaisirs et avide de réussite théâtrale se lance à la conquête de Paris. Ami des faunes et des reines de la nuit, adulé par un prince de la musique, protégé par quelques faiseurs de gloire, il traverse les arcanes du pouvoir culturel en quête de grâce et de vérité, entre les fêtes mondaines et les backrooms où les Parisiens tentent d’étancher leur inextinguible soif d’eux-mêmes.
Notre avis : A en croire Olivier Py, Sodome et Gomorrhe sont les arrondissements centraux de Paris. Le ministère de la Culture situé rue de valois, les théâtres aux alentours, les salons mondains de la rue de Rivoli, la rue Saint-denis et le quartier gay du Marais sont les lieux de perdition de ses personnages. En contrepoint, il voit par ailleurs quelques clochers catholiques, où les âmes à vif viennent apaiser leur conscience en after. Ainsi, un cocktail mondain sous l’empire érotisant du pouvoir vire à la partouze, pour finir au matin en repentance à l’église Saint Germain l’Auxerrois. Cette ancienne dramaturgie entre vice citadin et vertu religieuse compose sa pièce.
- Christophe Raynaud de Lage
Les comédiens qui sont tous remarquables d’audace, d’engagement, jouent parfaitement les dépravations nocturnes des uns et le machiavélisme policé des autres. Tous ces personnages sont d’un ou de plusieurs milieux comme on dit, les prostitutions sexuelles ou morales sont une règle du jeu de ces sociétés pornographiques qu’il nous décrit. Le spectacle, cru dans les mots et les scènes, pulvérise le parental advisory. Bite peinte en bleue entre comédiens, scènes d’amour homosexuelles jouées nues, visage tuméfiée d’une vieille actrice alcoolique, femen scandant leurs messages à pleine poitrine. C’est haut en couleurs, libre, amusant, grinçant, on y goûte de très justes répliques, un poil verbeuses. Que dire ? Tout cet excès, mélange de prétention, d’arrogance, de suffisance, est la juste restitution de la vie de tous les jours d’un(e) parisien(ne)...à quelque chose près.
Le décor est littéralement haussmannien, Pierre-André Weitz a collé des photographies de façades d’immeubles sur roulettes qu’il fait évoluer sur un pavé mosaïque.
- Christophe Raynaud de Lage
Face à la superficialité de ces mondes, l’auteur prête à ses personnages des interrogations profondes, souvent religieuses, parfois poétiques. Le christianisme selon Py est celui de la crucifixion, il enfante cette spiritualité masochiste qui ne diffère guère au fond des jouissances tourmentées. Plaies ouvertes et orifices se confondent pour lui comme la plainte et l’orgasme. Dans cette écriture de l’exagération, n’oublions pas que tout est prétexte à une monstration et que le fond sert souvent la forme. C’est du spectacle. Les mots s’associent souvent comme des tirades provocantes, comme des formules plus emphatiques que sensées. Il se complaît volontiers dans la caricature pour décrire ses personnages qui au final, tout parisiens qu’ils sont, suffoquent d’ennui et s’épuisent de rien en rien. On reconnaît Frédéric Mitterrand en marionnette de Pierre Bergé, on rit de la mesquinerie des hommes. On rit de ce cynisme assumé sous réserve qu’on ait été élevé à Paris, ou que venant de province on en soit intoxiqué par sa fréquentation prolongée. Quant aux quatre heures trente que dure ce cabaret wagnérien, qui avait vu le départ d’une partie de son public provincial au fur et à mesure de sa création en Avignon en 2017, elles découlent de ce qu’Olivier Py a fait du théâtre, sa vie et de sa vie un théâtre. Au final, tout est jeu sans frontière pourvu qu’on obtienne l’attention...
A voir, à lire, à taper dans vos mains si vous êtes parisien (ne) comme dit la chanson du supporter !
Texte & Mise en scène : Olivier Py
Scénographie, Costumes & Maquillage :Pierre-André Weitz
Lumières : Bertrand Killy
Assistante aux costumes : Nathalie Bègue
Avec Jean Alibert, Moustafa Benaïbout, Laure Calamy, Céline Chéenne,
Emilien Diard-Detoeuf, Guilhem Fabre, Joseph Fourez, Philippe Girard,
Mireille Herbstmeyer & François Michonneau
Galerie photos
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