Le 17 avril 2024
Satirique et volontiers cruel, ce roman de 1955 met en scène des personnages que le désir de se conformer à la société rend ridicules. Il peut aujourd’hui se lire comme une critique à peine voilée de l’art contemporain.
- Auteur : Margaret Kennedy
- Collection : Quai Voltaire
- Editeur : Editions de la Table Ronde
- Genre : Roman
- Nationalité : Anglaise
- Traducteur : Anne-Sylvie Homassel
- Titre original : The Oracles
- Date de sortie : 4 avril 2024
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Après un violent orage, rien ne va plus à Summersdown. L’illustre sculpteur bien étrange qui concentre l’attention et les rumeurs a disparu, laissant derrière lui ce qui semble être une œuvre encore plus dérangeante qu’à l’accoutumée. Ses enfants eux aussi sont abandonnés à leur sort et aux éventuels bons soins de cette petite ville où se croisent autant de figures détestables que d’âmes charitables quoique naïves...
Critique : La société d’East Head, petite bourgade anglaise où se déroule Les oracles, constitue un microcosme représentatif du reste du monde. Margaret Kennedy peuple les rues de personnages pleins de défauts très humains, dont le plus saillant est sans aucun doute l’envie de se conformer à la société pour ne pas se ridiculiser. C’est précisément ce désir qui rend ses protagonistes risibles, tandis qu’elle les moque avec malice.
Christina et Dickie, le couple au cœur de ce roman, gravite autour des bonnes gens d’East Head, à la fois en périphérie et au centre des rumeurs qui agitent la ville. Comme dans les romans de l’autrice précédemment réédités par les éditions de la Table Ronde, les mariages battent de l’aile et les égos s’affrontent, mais c’est davantage la vie publique qui intéresse Margaret Kennedy ici. Un sculpteur disparaît, et les mythes se construisent lentement, dans les salons et lors des réceptions, à coup de suppositions et d’hypocrisie dont les premières victimes – et les perpétrateurs – sont des enfants touchants, seuls personnages que l’écrivaine ne tourne pas en dérision. Dans leur innocente franchise, ils sont pleins de sagesse, et c’est la négligence des adultes à leur endroit qui est la cause de la foudre des dieux.
Originellement paru en 1955, Les oracles peut se lire par le prisme du XXIᵉ siècle. Déjà véritable satire à l’époque, comédie des mœurs féroce quoiqu’un peu désordonnée, ce livre propose aux lecteurs d’aujourd’hui une critique de l’art contemporain, de ses mystères et de son hermétisme tout en pointant du doigt ceux qui font semblant de comprendre et de savoir pour s’élever de leur condition, se contentant donc d’y retomber, avec lourdeur et bouffonnerie.
Margaret Kennedy - Les oracles
La Table Ronde
368 pages
135 x 220 mm
24 euros
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