Le 15 août 2020
En oscillant entre poésie et courant de pensée, en effleurant les abîmes de la science-fiction, Christian Garcin signe un roman social magistral et empreint d’une mélancolie poudrée, sur la reconquête de l’identité et la réappropriation des souvenirs.
- Reprise: 19 août 2020
- Collection : Babel
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Roman & fiction, Roman
- Nationalité : France
- Date de sortie : 3 janvier 2018
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : A Las Vegas, derrière les façades des hôtels luxueux et celles des casinos, camouflés sous l’argent qui coulent à flot, se dissimulent les anciens héros de l’Amérique, les aigles déchus, vétérans traumatisés qui vivent en autarcie. Trois d’entre eux cohabitent dans les tunnels de canalisation qui jouxtent au désert et, parmi eux, Hoyt voyage dans le temps et dans les romans, dans les vers et dans ses pensées.
Critique : Hoyt Stapleton, Myers et McMulligan vivent aux confins de Las Vegas, rejetés loin de la ville et de ses lumières clinquantes, de son argent obscène – bannis volontaires, isolés par leur statut d’anciens héros, de vétérans inaptes à la vie en société. Ces trois amis cohabitent, ne sachant que peu des autres, seulement qu’ils ont vécu le même enfer. Si les deux derniers s’ancrent dans le présent pour mieux échapper à leurs démons, discutent et se sociabilisent comme ils peuvent, Hoyt voyage dans les vers de poètes immémorables et dans le temps. Sa machine temporelle, c’est son esprit. En pensées, il se promène sur la Terre de demain, imagine les continents à moitié submergés, les pays scindés entre très riches vivant en totale autarcie et très pauvres pouvant à peine subsister. Puis, il réalise que, contrairement à ce qu’une vieille connaissance lui avait expliqué sur la manière dont on pourrait, en court-circuitant la vitesse de la lumière, atterrir dans l’avenir, il peut aussi visiter son passé – grâce à ses souvenirs. Plongeant ainsi en lui-même, il se rappelle celui qu’il fut avant le Viêt-Nam, les tunnels où se cachaient les Viêt-Congs, les bombes et le napalm. Il se rappelle celui qu’il fut, enfant, sent de nouveau le parfum de sa mère, revoit les cheveux roux de sa voisine Maureen dont il était amoureux, redécouvre un détail, se tient là, immobile, semblable à un fantôme invisible. Les longues phrases de Christian Garcin, parfois traversées du courant de pensée qui les électrise, donne cette atmosphère à la fois poudrée et irréaliste au roman, mélancolique et d’une douceur amère et tendre. Quelques pages effleurent la science-fiction pour mieux s’appesantir sur l’Homme et ses travers, sur la quête de l’identité et sur la reconstruction.
Ce roman est bercé par la musicalité des mots de Les Murray et de William Blake, qui viennent apporter une âpre poésie pourtant réconfortante à la vie de ces trois colocataires déconcertants. Le temps se plie, semblable à un millefeuille étrange, un trou de ver apparaît et Hoyt retourne flâner sur le Strip, en apercevant une vieille Toyota qui semble émerger de son passé…
Christian Garcin - Les oiseaux morts de l’Amérique (format poche)
Actes Sud
11.00 x 17.60 cm
225 pages - 7,80 €
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