Le 29 mars 2020


- Scénariste : Diego Agrimbau>
- Dessinateur : Gabriel Ippoliti
- Genre : Science-Fiction
- Editeur : Sarbacane
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 5 février 2020
Planeta Extra nous plonge dans un histoire d’anticipation où Kiké et Toti survivent comme ils peuvent, en déménageant des gens appelés à partir pour Lune Europa, une colonie loin de la terre, devenue un monde laid et pollué.
Résumé : Diego Agrimbau écrit cette histoire de politique fiction situé dans un futur proche et Gabriel Ippoliti l’illustre d’un dessin semi-réaliste aux couleurs vives.
Critique : Ce récit surfe entre les genres. Certes, la base est une histoire d’anticipation, mais on retrouve vite une forme de comédie sociale mêlée de chronique familiale.
Kiké et son camion à répulseurs tente de survivre dans une terre en déliquescence. Il est associé avec Toti, son meilleur ami. Les deux vont se retrouver embarqués dans un trafic qui va leur créer bien des problèmes.
On imagine très vite comment ce monde pourrait devenir le nôtre demain. Si, effectivement, les colonies extra-terrestres se développaient, on suppose que notre bonne vieille Terre serait alors sans vergogne vidée de ses ressources, pour permettre aux autres, les plus riches, de vivre à l’aise au fin fond de l’espace. Et qui aurait à gérer notre planète bleue, n’ayant pas assez d’argent pour vivre ailleurs ? Les plus pauvres. Et c’est ce que nous montre cette BD. Pour éviter la surdramatisation et le pathos inutile, l’auteur se fend d’un humour bienvenu qui désamorce la gravité de la situation. Même si certains passages restent glaçants.
Plus d’altruisme dans ce monde, chacun joue pour sa pomme, et essaye de grapiller de quoi survivre comme il peut, et souvent sur le dos des autres.
Cette comédie noire fonctionne très bien et on s’attache rapidement à toute cette galerie de personnages si humains qui défilent devant nous, le costaud Kiké et le maigre Toti en premier.
Copyright Sarbacane
Les pinceaux de Gabriel Ippoliti donnent vie à tous ces personnages et à cet univers en chute, avec un indéniable talent. Le trait semi-réaliste, les couleurs vives comme le camion de Kiké ou ternes comme les bâtiments reflètent bien le malaise de la planète. Le trait texturé renforce encore l’ambiance poisseuse qui règne dans ce monde. D’ailleurs, il faut noter ce travail très riche et très intéressant sur les textures. Tout semble porter un effet, une marque de matière, des plafonds aux T-shirts en passant par la peau des personnages. Ce n’est pas seulement des jeux d’ombre et de lumière, il s’agit d’autre chose.
Des traces, des tâches, des mélanges qui donnent corps et densité au dessin. Un vrai travail de fourmi qui renforce l’immersion du lecteur, rend perceptible ce monde qui part à vau-l’eau.
Planeta Extra est une belle BD, dont le graphisme original et réussi sert une histoire riche en rebondissements, mélange de comédie noire et d’anticipation sociale, en somme un très beau mélange de genres.
78 pages – 18€