Le 12 novembre 2018
- Scénaristes : Keum suk Gendry-kim >, Keum Suk Gendry-Kim>
- Dessinateur : Keum Suk Gendry-Kim
- Collection : Encrages
- Genre : Biographie, Drame, Historique
- Editeur : Delcourt
- Famille : Manga
- Date de sortie : 26 septembre 2018
Témoignage poignant et empoignant d’une vérité historique passée sous silence, le viol de guerre.
Résumé : Keum Suk Gendry-Kim est une dessinatrice sud-coréenne qui a rencontré une compatriote exilée pendant 55 ans en Chine. Oksun Lee a en effet été tiraillée par la faim, vendue, prostituée pour l’armée d’occupation japonaise. Son calvaire a duré des années, et Les mauvaises herbes racontent cette vie de souffrance.
Le viol n’est pas un sujet tabou, mais il est clairement difficile. Malgré un dessin épuré et délicat, l’histoire, réelle, passe par tellement d’épreuves et de moments épouvantables qu’il est facile d’avoir la nausée rien qu’à lire ces pages. Attention, une nausée affreuse mais efficace, car il est important de raconter ces parts de vie et de vérité, les lambeaux de la vie d’Oksun représentent quelque chose de tenace et de désespérant. L’horreur de l’être humain, et notamment en temps de guerre, n’a pas fini de dégoûter, mais pour ces femmes qui n’ont que peu reçu de soutien ou de réconfort, de toute leur vie ou même lorsqu’elles ont été reconnues comme victimes. Les tentatives d’oubli de leur part ne doivent pas occulter le devoir de mémoire que les dirigeants japonais ont longtemps eux choisi de laisser de côté. Pour en revenir à cette histoire ignoble, la prouesse d’Oksun, outre sa survie incroyable, se trouve plutôt dans l’effort incroyable pour raconter son enfer.
© Delcourt
Cet enfer est dévoilé par un ensemble graphique noir et blanc plutôt simplissime, où les personnages sont aussi basiques que décharnés, les mauvais comme les bons ayant en tête des obligations matérielles et des terreurs personnelles. Pour autant, le décor, et les plantes en particulier, ont droit à un traitement de faveur. Elles ont en effet un caractère qui s’adapte aux émotions décrites ou vécues : coupantes comme des épées, glissantes comme les larmes, stagnantes voire dévorantes. Les murs noirs, morbides, sont là pour rappeler la prison qui étouffe les espoirs et l’innocence, achèvent de créer une atmosphère lessivante.
© Delcourt
Entre Keum et Oksun, le passage de génération est aussi celui d’un témoin, ou plutôt d’une témoin. Le récit de l’une par l’autre permet de joindre à un corps meurtri une mémoire concrète. Pas de solennité, pas une vraie gravité, mais plutôt un mélange entre le portrait et la poésie.
480 pages - 29,95€
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Galerie photos
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