La vie, la vraie
Le 13 septembre 2008
À l’exception de Béla Tarr, personne ne filme mieux l’ennui qu’Aki Kaurismäki.
- Réalisateur : Aki Kaurismäki
- Acteurs : Janne Hyytiäinen, Maria Heiskanen, Ilkka Koivula, Maria Järvenhelmi
- Genre : Drame
- Nationalité : Finlandais
- Durée : 1h18mn
- Titre original : Laitakaupungin valot
- Date de sortie : 25 octobre 2006
- Festival : Festival de Cannes 2006, Sélection officielle Cannes 2006
Résumé : Koistinen, gardien de nuit, arpente le pavé à la recherche d’une petite place au soleil, mais l’indifférence générale et la mécanique sans visage de la société se liguent pour briser ses modestes espoirs les uns après les autres. Un groupe de bandits exploite sa soif d’amour et son poste de veilleur de nuit avec l’aide d’une femme calculatrice. Ils organisent un cambriolage dont Koistinen est rendu seul responsable. Et voilà celui-ci privé de son travail, de sa liberté et de ses rêves.
Critique : Chantre d’un cinéma contemplatif, exigeant et peu loquace, Aki Kaurismäki, cousin lointain de Béla Tarr et Fassbinder, peint des situations en apparence banales pour leur conférer un relief unique et bouleversant. Ses exploits continuent de réjouir même s’il faut confesser que son dernier opus repose sur des bases connues, pour ne pas dire éprouvées. Dans Les lumières du faubourg (parce que la lumière peut luire malgré tout), il continue de s’attacher aux situations jansénistes, aux dialogues laconiques et aux personnages qui tirent la tronche, promènent leur nonchalance pour mieux provoquer les autres (ou s’exiler d’un monde impossible). Qu’il tombe amoureux, qu’il aille à un concert où le bassiste compose en posant une cigarette sur son instrument ou qu’il croise les regards d’un enfant et d’un chien abandonnés (mentions spéciales aux personnages secondaires les plus discrets et les plus touchants), le personnage, impuissant face à la médiocrité des autres, ne peut cacher un masque social impassible qui dissimule une tristesse inconsolable. Rien, pas même l’amour (et encore faut-il que l’amour soit réciproque et désintéressé), ne le sauve de son marasme existentiel.
L’histoire est simple tout en étant complexe (il n’est rien de plus terrible que l’amour non partagé mais il n’est rien de plus beau qu’un amour non déclaré). Elle est mue par les simples forces de la tragédie moderne. Il sourd de son nouveau film une ambiance absurde, drolatique et tragique, qui fait le sel des mélodrames les plus stylisés et les plus beaux. Seul bémol majeur (essentiellement pour les fans) : Kaurismäki ne renouvelle aucunement sa grammaire cinématographique. D’où la sensation très agréable d’être en terrain familier en même temps que l’on sort un tantinet frustré tant l’histoire éminemment formaliste (un sens de la précision et du détail qui frôlent la maniaquerie) possède une dramaturgie certes riche en noires calories, lumineuse au bout du tunnel (plan final salvateur) mais paradoxalement trop kaurismäskien pour bouleverser. Comprendra qui verra. Mais pour l’heure, c’est accessoire.
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grendel 26 novembre 2006
Les lumières du faubourg - La critique
Qu’il est beau le regard de Koistinen, héros désabusé de ce film. Anti-héros plutôt, et tout ce qu’il tente d’entreprendre semble d’avance voué à l’échec.
Qu’il est profond le regard de Koistinen, comme il nous parle. Nul besoin d’en rajouter.
Qu’il est seul Koistinen. La solitude, c’est bien elle la cruelle héroïne de ce film sombrement lumineux.
Qu’elles sont belles les Lumières du Faubourg.
roger w 28 décembre 2008
Les lumières du faubourg - La critique
Nouvelle perle du cinéaste finlandais, ces lumières du faubourg se penchent sur la solitude et l’ennui avec un talent fou. Epuré malgré un soin maniaque apporté à la photographie, la réalisation va à l’essentiel et capte les pensées de personnages pourtant volontairement inexpressifs. Un grand moment de cinéma, peut-être un peu trop court.
Norman06 22 avril 2009
Les lumières du faubourg - La critique
Kaurismäki dans toute sa splendeur. Ce nouvel opus ne surprend pas mais l’on retrouve l’univers délicat et l’humour pince-sans-rire du maître du cinéma finlandais.