Le 14 avril 2013
Une cette histoire d’amnésie à la Kafka, un individu confronté au monde absurde qui l’entoure.
- Réalisateur : Aki Kaurismäki
- Acteurs : Markku Peltola, Kati Outinen
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand, Finlandais
- Editeur vidéo : Gaumont/Columbia/Tristar Home Video
- Durée : 1h37mn
- Date télé : 22 mars 2017 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : Mies vailla menneisyyttä
- Date de sortie : 6 novembre 2002
- Festival : Festival de Cannes 2002
Réalisateur finlandais hors norme, Aki Kaurismäki nous emmène dans l’univers dépouillé des plus démunis, avec son personnage M., amnésique par accident, décidé à se reconstruire une identité et une vie. On y parle d’existence et d’absurde.
L’argument : Arrivé par le train à la gare d’Helsinki, un homme se fait rouer de coups et dépouiller. Lorsqu’il reprend conscience, il a perdu la mémoire et trouve refuge dans une zone industrielle désaffectée où il sera recueilli par des SDF. Sans argent et sans identité, il décide de faire table rase du passé et de rebâtir sa vie. Son parcours sera jalonné de rencontres avec des personnages plus insolites les uns que les autres et c’est à la soupe populaire qu’il fera la connaissance d’Irma.
Critique : "A quoi sert la vie ?", interrogeait un journaliste finlandais... "La vie, ça sert à se forger une morale personnelle qui va nous permettre de respecter la nature, de respecter l’être humain, et ensuite, à suivre cette morale", répond Kaurismäki.
Avec L’homme sans passé, le réalisateur est au cœur de son propos. Parmi les plus défavorisés, M., le personnage principal, se retrouve face à la réalité de l’existence (se loger, se nourrir, se vêtir) et aux incohérences de la société sur lesquelles il ne manquera pas d’achopper (rapports marchands, absurdité administrative, impossibilité de travailler parce qu’il n’a pas de nom, donc pas d’identité).
On pense à Kafka dans sa vision de l’individu et sa confrontation avec le monde qui l’entoure. Mais chez Kaurismäki, on a aussi cette volonté du protagoniste de se doter de valeurs dignes d’une vie d’homme comme la solidarité, la tendresse, l’amour du prochain... en d’autres mots on nous parle d’humanisme. Sur ce fond de débat économique, social et politique viendra se mêler l’humour et la caricature, donnant ainsi à cette tragédie une touche d’ironie.
La réalisation, d’une sobriété méticuleuse, laisse la part belle aux comédiens, impressionnants de présence. Des jeux de lumière très théâtraux, des dialogues grinçants, au bord de l’absurde, tendent l’atmosphère d’un bout à l’autre du film.
Mon dernier film était en noir et blanc et muet, déclarait Kaurismäki, ce qui montre clairement que je suis un homme d’affaires. Cela dit, continuer dans cette voie signifierait que mon prochain film se ferait sans images. Que resterait-il alors ? Une ombre. Donc toujours prêt à faire des compromis, j’ai décidé de faire volte-face et de réaliser un film qui abonde en dialogues et en couleurs variés...".
Les inconditionnels s’y presseront... Pour les autres, une belle occasion de découvrir un réalisateur qui compte, désormais, parmi les grands.
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giridhar 29 janvier 2006
L’homme sans passé - Aki Kaurismäki - critique
"M", un homme dont on ne sait rien arrive par le train dans les environs d’Helsinki. Il dort sur un banc et se fait rouer de coups par trois petits truands. Il perd la mémoire. Rencontre une femme, Irma, qui oeuvre pour l’armée du salut. Elle va l’aider et, lorsqu’il aura appris que son ancienne femme a obtenu le divorce, l’aimer.
Le type même du film que je déteste et qui me donne une furieuse envie de quitter la séance au bout d’une demi-heure ! J’ai cependant tenu jusqu’au bout. Il ne s’agit bien sûr pas là d’une quelconque critique de l’oeuvre en elle-même. Il est indéniable que l’on peut lui trouver des qualités fort positives, (pudeur, sobriété, imagerie en harmonie avec la désespérance que génère la pauvreté), ce qui a été apparemment le cas dans divers festivals. De même, bien sûr, il est possible d’ergoter à l’infini sur les supposés messages subliminaux que le réalisateur a peut-être souhaité introduire derrière chaque geste, chaque regard, ou chaque angle de vision.
Simplement ce type d’oeuvre et surtout son traitement se situent à l’opposé de la vibration sensorielle avec laquelle je me sens en harmonie. Tout y est froid, aseptisé, glacial, morbide. Le scénario est minimaliste, tout comme les décors, tout comme les dialogues (j’en ai oublié les neuf dixièmes une heure après avoir quitté la salle). Les personnages se promènent tels des spectres avec des visages aussi expressifs que ceux de zombies. Peut-être l’émotion existe-t-elle, quelque part, au fond de leurs entrailles, mais il n’en apparaît aucune lueur sur l’écran. Tout au moins, n’y ai-je pas été sensible le moins du monde. Il faut, je pense, un réel effort mental et cordial pour ressentir la plus petite palpitation devant cette errance désincarnée. J’avoue ne pas en être capable.
habiba_s 31 janvier 2006
L’homme sans passé - Aki Kaurismäki - critique
Kaurismäki possède un univers propre, fait de personnages décalés, d’une image dépouillée et d’un (faux) rythme déconcertant.
« L’homme sans passé » ne déroge pas à cette triple règle. Cette visite au cœur de la Finlande des désoeuvrés est bouleversante. Le héros, sans nom, sans identité tente de retrouver son passé, puis finira par se reconstruire dans ce drôle d’univers où il trouvera des repères plus stables que dans sa vie d’avant. L’amour sera la pierre angulaire de cette reconstitution de soi.
« L’homme sans passé » n’est pas un film sans naïveté. Cette naïveté est la force de cette fable paradoxale, où le cynisme point çà et là (ces personnes qui agressent le héros, sa femme qui finit par le retrouver, les SDF qui se tirent dans les pattes etc.) mais où l’idéalisme finit par triompher.
Markku Peltola est grandiose en Buster Keaton inexpressif (c’est un comble !)
Kaurismäki continue de creuser le sillon d’un autre cinéma, tout en subtilité et en humanisme.
Cette chronique sociale mi-enchantée, mi-désenchantée en est une belle illustration.