Le Havre - le test DVD

Poésie de la misère.

L’argument : Marcel Marx, ex-écrivain et bohème renommé, s’est exilé volontairement dans la ville portuaire du Havre où son métier honorable mais non rémunérateur de cireur de chaussures lui donne le sentiment d’être plus proche du peuple en le servant. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante dans le triangle constitué par le bistrot du coin, son travail et sa femme Arletty, quand le destin met brusquement sur son chemin un enfant immigré originaire d’Afrique noire....

Notre avis : Film ovationné à Cannes, trois fois nominé aux Césars et véritable succès en salles Le Havre signe le retour d’un Kaurismäki plus en forme que jamais. Si ses oeuvres précédentes avaient déjà conquis la critique (L’homme sans passé, Les lumières du faubourg), le lyrisme et l’onirisme réaliste de ce dernier long métrage permettent à un cinéaste réputé hermétique, de s’offrir les classe populaires. Par le sujet d’abord, l’immigration et la pauvreté dans le Nord de la France. Par son traitement ensuite, l’humanisme et la dignité chevillés au corps des acteurs. Ici, l’optimisme forcené des héros vient à bout des situations les plus sordides et les bidonvilles prennent le charme des maisons de carton pate. Une atmosphère étonnante entre le drame social, le film noir et le conte de fées. Si le film traite d’un sujet grave, le cinéaste y appose aussi de la pudeur, de l’émotion, de l’humour et bien sûr de l’absurdité. Et pour finir, une note d’espoir venant alléger le tout : une guérison miracle, une échappée et une fin heureuse.

– La critique complète ici : Le Havre

Les suppléments :

Beaucoup de propositions dans des domaines divers et variés allant des entretiens avec André Wilms et Jean Pierre Darroussin, aux essais castings de Blondin Miguel, en passant par un journal de bord du Havre à Cannes et deux clips vidéos de Litlle Bob (acteur et chanteur dans le film). Fournie et plutôt intéressant, notamment dans les vingt minutes d’entretiens posés et prenant le temps de la réflexion (pressés s’abstenir), s’attardant en grande partie sur le jeu d’acteur et la mise en scène très ’’intériorisée’’ du cinéaste finlandais. Dans les suppléments de cette édition, Jean Pierre Darroussin évoque ’’le plaisir funambulesque’’ pris sur le tournage. Plus divertissant mais non moins jouissif, les deux clips de Little Bob Libero et Sheila’n’Willy, chaman moderne et poète désargenté du Havre. Avec une succession de bandes annonces, l’édition DVD propose aussi un survol rapide de la filmographie de Kaurismäki donnant envie de voir ou revoir, aux néophytes comme aux confirmés, les plus grandes oeuvres du cinéaste (L’homme sans passé, Lenningrad Cowboys go America, la fille aux allumettes,.... Dans un tout autre genre, les huit minutes du journal de Cannes peuvent étonner, voire décevoir, le cadreur se contentant de filmer les événements au coup par coup sans leur donner la moindre densité. Un bonus de trop, qui a pour seul mérite de rappeler l’acceuil enthousiaste réservé au film dans le plus célèbre des festivals.

L’image :

Parcours sans faute pour cette version très lumineuse et très contrastée, à l’image de la copie originale. Le ballet des lumières indirectes illumine et ombrage l’écran avec justesse, offrant tout son relief au désespoir humain.

Le son :

Une seule version originale et Dolby Digital mais pour une fois on ne s’en plaindra pas. La restitution sonore, puissante et profonde, donne une certaine prestance aux acteurs et un grain théâtral à ce film déjà très scénographié.