Le 27 novembre 2012
S’effaçant derrière sa caméra, le réalisateur explore les années 50-70 pour montrer la dignité, le courage, mais aussi les souffrances et les joies d’homosexuels en quête de respectabilité.
- Réalisateur : Sébastien Lifshitz
- Genre : Documentaire, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h55mn
- Date de sortie : 28 novembre 2012
- Festival : Festival de Cannes 2012
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Résumé : Des hommes et des femmes, nés dans l’entre-deux-guerres. Ils n’ont aucun point commun sinon d’être homosexuels et d’avoir choisi de le vivre au grand jour, à une époque où la société les rejetait. Ils ont aimé, lutté, désiré, fait l’amour...
Critique : Des Corps ouverts à Plein sud en passant pas Presque rien, Wild Side et La traversée, la question LGBT a toujours été un thème récurrent de l’œuvre de Sébastien Lifshitz qui signe ici son meilleur film, au-delà de l’intérêt sociologique et citoyen du documentaire. Le cinéaste a donné la parole à une dizaine d’hommes et de femmes, septuagénaires et octogénaires, et qui avaient osé assumer leur homosexualité à une époque où le mot même n’était pas prononcé et où la vénérable Organisation mondiale de la santé la classait dans les maladies psychiques. Le « panel » choisi par Lifshitz reflète la diversité et l’insolite des situations : couple de lesbiennes s’installant en milieu agricole et découvrant la solidarité et le respect de la part du milieu rural, malgré les divergences de mœurs ; ancien étudiant de Sciences po ayant milité au Front de libération des homosexuels, salarié de l’Assédic bravant son entourage et ses employeurs en intervenant à la télévision, ex-mère de famille modèle découvrant l’aliénation de sa condition et osant changer de vie après la libération sexuelle de mai 68... S’effaçant derrière sa caméra, refusant toute voix off démonstrative, le réalisateur montre la dignité, le courage, mais aussi les souffrances et les joies de marginaux en quête de respectabilité tout en revendiquant parfois le plaisir de la transgression : le témoignage le plus instructif (et émouvant) est ainsi celui de cette femme racontant comment elle avait décliné l’invitation à dîner chez la mère de son amante, tant cette convivialité et ce témoignage de confiance bousculaient sa propre représentation et son identité de fille en rupture des conventions familiales...
Au-delà du document sur l’émergence d’une contre-culture devenue aujourd’hui sous-culture, le film excelle à montrer une période (les années 50-70) où l’ordre social a été conforté puis remis en cause et où la quête de l’affirmation individuelle passait nécessairement par le combat collectif : en croisant les revendications des homosexuels à celles des féministes, c’est tout un pan des nouveaux mouvements sociaux qui défilent sous nos yeux ; et au gros titre de Paris Match « Ils sont partout » répondent les images d’archives des premières manifestations, pionnières des gay prides. Le hasard de l’actualité fait bien les choses et les acteurs du débat sur le projet de loi pour « le mariage pour tous » devraient tous visionner Les invisibles. « Ce film rend hommage à toutes ces personnes qui, par le simple fait d’avoir vécu aussi librement, ont permis que nous ayons les libertés que nous connaissons aujourd’hui. Il faut rappeler le combat qui a été mené, raconter les ennemis de toujours, la pensée réactionnaire qui n’attend que de pouvoir réapparaître. Il n’y a jamais rien d’acquis » explique le cinéaste. On ne saurait mieux dire (et filmer).
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