Le 11 juillet 2024
- Scénariste : Christian Perrissin>
- Dessinateur : Boro Pavlovic
- Genre : Aventure, Voyage
- Editeur : Glénat
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 12 juin 2024
Un album qui puise dans la tradition de la littérature de voyage telle qu’elle est portée par Rudyard Kipling ou Joseph Kessel, pour nous entraîner dans les contrées inhospitalières du Tibet.
Résumé : Depuis tout jeune, François de la Grézière, en passionné de littérature et de grands espaces, rêve d’arpenter le Tibet et en son sein, le « pays Golok », ces terres perchées dans les sommets qui abrite une population à la réputation farouche. Devenu géographe et ethnologue, il se trouve en 1939 aux portes du Tibet en compagnie de son frère cadet, Gabriel, ancien militaire renvoyé pour son comportement. Homme réfléchi, appliqué et doté d’une solide détermination, François monte une expédition après avoir pris conseil chez la célèbre exploratrice Alexandra David-Néel, spécialiste du Tibet. Rattaché à une modeste caravane, François et Gabriel entament un périlleux voyage qui les emmènent dans des espaces aussi magnifiques que dangereux…
Critique : La littérature de voyage, héritée des grands récits du XIXe et du premier XXe siècle, et la figure de l’explorateur qui lui est associée, conserve aujourd’hui encore sa capacité d’attraction, tant elle porte en elle des éléments narratifs à la portée universelle : la confrontation avec l’altérité – d’origine naturelle ou humaine –, la quête de soi-même dans le voyage au bout du monde, la volonté de l’homme de toujours dépasser les frontières de l’inconnu. Ce sont ces thèmes que convoque le premier volet du diptyque Les hautes solitudes. Si le récit est bien une fiction, le duo d’auteurs – qui déjà consacré un album à Alexandra David-Néel, qui a bien existé – établit une convention narrative qui crée l’illusion de la réalité. En effet, le récit se fonde sur les notes de voyage de François : certaines ellipses s’expliquent par certains passages illisibles du journal, et certaines pages reproduisent les « croquis » de l’explorateur. Ce procédé narratif habile est hérité de la littérature de voyage, et renforce le sentiment d’immersion.
- © Christian Perrissin, Boro Pavlovic / Glénat
Le périple de François et Gabriel dans un Tibet qui est encore loin d’être sinisé convoque des paysages grandioses, que reconstitue avec précision et un souci évident de réalisme le dessinateur Boro Pavlovic. Si l’album est dépourvu de dessins en pleine page, comme c’est parfois le cas dans ce type d’album, les amateurs de paysages apprécieront les nombreuses planches qui représentent en majesté les massifs de l’Himalaya et les hauts plateaux pratiquement vides d’hommes. Mais Les hautes solitudes est également une histoire d’hommes, et raconte la relation tumultueuse entre François et son cadet, victime de ses excès, et le rapport aux populations locales. Les Goloks sont en effet réputés pour leur farouche désir d’indépendance et leur dangerosité, ceux-ci se livrant régulièrement au banditisme, en attaquant les caravaniers. C’est d’ailleurs en dépit des mises en garde d’Alexandra David-Néel – l’un de ses modèles – que François se rend à leur rencontre… qui ne se déroulera pas de la manière dont l’explorateur, la tête pleine des récits de voyages de ses prédécesseurs, l’imagine.
- © Christian Perrissin, Boro Pavlovic / Glénat
Avec Les hautes solitudes, le duo expérimenté formé par Christian Perrissin et Boro Pavlovic s’inscrit dans la longue tradition du récit de voyage pour offrir un album au trait réaliste, qui nous invite à découvrir une région méconnue à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, à travers le périple d’un explorateur occidental qui ne reviendra pas indemne de son expédition.
64 pages – 15,5 €
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