Le 21 juin 2011

D’introspections en introspections, le cinéma a cette semaine le vague à l’âme !
Que se passe-t-il cette semaine dans nos salles ? Pas d’ouragan, de cyclone cinématographique, juste un panorama intéressant de productions indépendantes à forte tendance intimiste dominé par le formidable Pater et le retour flamboyant d’Alex de la Iglesia avec Balada triste.
Le blockbuster de la semaine est encore un film pour les enfants. Après Kung Fu Panda 2 qui a battu des records pour 2011, malgré le côté pantouflard du panda gras de Dreamworks, c’est L’élève Ducobu qui cette fois-ci essaiera de redonner des couleurs à la production nationale totalement éclipsée par celle des USA depuis le début de l’année. Quelque part entre Le petit Nicolas et les deux Guerre des boutons (UGC, Mars Distribution) qui sortiront en septembre prochain, cette adaptation d’un classique pour public boutonneux est exclusivement réservée à cette tranche d’âge ! Les autres, risqueront d’avoir une poussée d’acné. Les ados fan d’action et surtout les exploitants qui attendent du chiffre palpable, c’est le 29 juin qu’ils se réjouiront du retour des Transformers 3. En attendant, il faudra compter sur des outsiders pour remplir les salles et ce n’est pas gagné d’avance.
L’ultra violent Blitz réussira-t-il à redorer le blason de Jason Statham après le bide du remake du Flingueur en avril dernier ? Crasseux, vulgaire et timbré, le film pourrait rater sa cible. Omar m’a tuer sera-t-il une bonne « affaire » pour Roschdy Zem réalisateur ? Beaucoup de pathos pour pas grand-chose. On préfère le cas Outreau traité dans Présumé coupable, mais cela sortira à la rentrée. Du côté de la Belgique, on saluera les errances esthétiques de Marion Hänsel qui a le vague à l’âme, filmant dans Noir océan les marins sur un « cargo de jour ». De pures rêveries éveillées. En provenance du Royaume Uni, la très noire adaptation de Graham Greene, Brighton Rock (le fameux « rocher de Brighton »), saura redéfinir la notion d’anti héros dans un cadre balnéaire des années 60, alors que les gangs s’affrontent. Des USA, Kelly Reichardt tentera d’imposer sa vision du western avec La dernière Piste. Peu apprécié par notre rédacteur, mais par ailleurs plutôt bien reçue par la presse, sa révision de la mythologie américaine sera à réserver à un public de cinéphiles avides d’introspections abyssales. On notera aussi la sortie d’une œuvre française assez décalée, le fantaisiste Mike, premier film aux accents belges dans l’humour et aux douces réminiscences d’Aki Kaurismaki.
Finalement, dans ce flot de nouvelles sorties, deux nous tiennent particulièrement à cœur. Tout d’abord le cannois Pater qui a su surprendre en côtoyant la crème de la production mondiale en sélection officielle. Cette œuvre minuscule au premier abord, de l’ordre du journal intime, de et avec Alain Cavalier, ne ressemble à rien d’autre qu’à elle-même. Elle est habitée par un duo de comédiens épatants, Vincent Lindon le premier, dans des rôles politiques qui nous renvoient même, et avec perspicacité, à l’actualité (DSK). Cette comédie du pouvoir s’exprime avec ses mots et son jeu de cinéma, sans les facilités du biopic que s’est appropriées Xavier Durringer, dans le pourtant solide La conquête. On finira l’aperçu de cette semaine de qualité avec Balada Triste. Il s’agit du grand retour d’Alex de la Iglesia qui vient juste de claquer la porte de l’Académie espagnole du cinéma qu’il présidait, pour marquer sa désapprobation avec l’Hadopi espagnole, avouant même aux médias avoir téléchargé des programmes illégalement, y compris du porno ! S’il s’est fait vivement critiqué pour ses déclarations fracassantes dans son pays d’origine, en France, son retour est marqué par des éloges mérités. Après le décevant Crimes à Oxford, l’auteur du Jour de la bête et du Crime Farpait revient à un cinéma de haute volée, une histoire d’amour fracassée, complètement folle, qui ne laissera pas indifférente ! La guerre des clowns a commencé et elle mérite le détour !