Les enfants de Belle Ville - coup d’oeil

Après le triomphe d’Une séparation en France, Memento Films distribue dans nos salles un film inédit d’Asghar Farhadi, réalisé en 2004, qui contient déjà toutes les obsessions du grand cinéaste iranien.

L’argument : Akbar est jeune, il vient d’avoir 18 ans, mais Akbar est condamné à mort. Alors qu’il attend son exécution dans une prison de Téhéran, son meilleur ami et sa sœur vont tenter d’obtenir le pardon du père de sa victime, seul moyen pour lui d’échapper à son destin.

Notes : Les Français aiment Asghar Farhadi. L’histoire d’amour, si elle a timidement débuté en 2009 (avec l’exploitation en salles d’A propos d’Elly...), s’est nettement affirmée l’an dernier avec Une séparation, Ours d’Or de la Berlinale 2011, qui a connu chez nous une success story proprement inespérée. Forte des échos d’une presse dithyrambique et d’un bouche-à-oreille plus que favorable, la cinquième réalisation du cinéaste iranien a réuni un peu moins d’un million de spectateurs dans les salles obscures, du jamais vu pour une production iranienne. Un exploit, surtout quand on connaît les thèmes difficiles (et peu glamours) que charrie le long-métrage : la lente descente aux enfers d’un couple de Téhéran, en instance de divorce et aux prises avec une longue et pénible affaire judiciaire, dans un Iran encore bâillonné par les tabous religieux et les inégalités entre les sexes. Suivront un César puis un Oscar du meilleur film étranger, dans un contexte porteur (les révolutions arabes) qui a aussi profité aux Femmes du bus 678, film égyptien tétanisant qui connaît aujourd’hui une très belle carrière en salle.
Récemment invité d’une masterclass au Forum des Images, Asghar Farhadi vient présenter Les enfants de Belle Ville, son deuxième long-métrage sorti en 2004 et encore inédit en France. Les amateurs de son cinéma exigeant retrouveront les marottes de Farhadi, mêlant notions de culpabilité et de responsabilité dans un thriller psychologique éprouvant, et se faisant l’écho des failles de la politique iranienne - bien que son discours, et c’est sa force, demeure tout à fait universel. Une expérience précieuse et une idéale séance de rattrapage nichée dans la moiteur estivale (le film sort le 11 juillet), en attendant le projet parisien de Farhadi, qu’il tournera avec Marion Cotillard et Tahar Rahim... autres chouchous de l’actuelle cinéphilie française.